Enfin la nuit

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Le ciel était embrasé. On avait bien donné des explications à la télévision, histoires de guerres, de catastrophes, d’ennemis, d’alliés. Des noms, d’autres, beaucoup de noms qui se croisaient sans grande cohérence entre eux.Alors, du coup, les gens étaient dans la rue, le regard plongé dans le feu du ciel. Le grand embrasement. Ravage. La nuit était plus claire que le plein jour. Les lampadaires devenaient inutiles. Le ciel s’était allumé le 23 janvier, sur le coup de 22h30.Et si, sur le moment, personne ne comprenait vraiment ce qu’il se passait, il faudrait bien admettre, une semaine plus tard, que la nuit ne retomberait plus jamais.

Je suis bien embêtée avec cette chronique. Il m’arrive de passer à côté d’un roman mais à ce point cela me déroute. Pourtant le titre était prometteur et la quatrième alléchante. J’aime particulièrement les romans post-apocalyptiques qui souvent proposent de lire ce que les humains peuvent révéler de pire comme de meilleur. On y trouve généralement des personnages riches et fouillés qui me font souvent dire "waouuuuuh Wiiiiiz".

Imaginez qu’un jour vous vous aperceviez que la nuit n’arrive plus et n’arrivera peut-être plus jamais, tout ce que cela implique, une fin du monde non comme nous le connaissons mais assurément une fin tout court. Miam-miam.

Grande fan de la série Twilight Zone (La quatrième dimension en français), je me souviens de l’épisode Soleil de minuit qui figure parmi mes favoris. Deux femmes attendent la mort dans un appartement de New-York. La terre a quitté son axe et se rapproche inexorablement du soleil. A minuit il fait jour comme à midi et la chaleur est insoutenable. La peinture du tableau exécuté par Norma, l’une des protagonistes, fond, le thermomètre du logement explose, l’eau se fait rare…En 25 minutes les scénaristes de cette série mythique arrivent à rendre toute l’atrocité de cette apocalypse et terminent sur un twist déroutant.

J’attendais autant de ce roman ; or je suis restée sur ma faim. J’ai d’abord trouvé étrange les réactions disproportionnées et immédiates des humains. J’avais l’impression que l’auteur voulait écrire vite, trop vite. Le manque de questionnement des protagonistes sur ce qui était survenu m’a frustrée, on sent une résignation qui certes peut être logique mais qui est générale et soudaine. On n’obtient aucune explication sur les conséquences inégales du phénomène et cela est sinon agaçant du moins déroutant. Quelques bizarreries voire incohérences m’ont fait enrager. Pourquoi ce jour sans fin a-t-il une incidence sur la production électrique par exemple ? Il y a plus étrange mais je ne souhaite pas spoiler. De plus, les personnages ne m’ont pas remuée, je ne me suis pas attachée à eux ; j’ai même éprouvé un certain malaise devant la relation Thomas/Sophie qui m’a dérangée.

Le style ne m’a pas emballée lui on plus, beaucoup de répétitions de mots ou d’idées, un nombre impressionnant de virgules, des mélanges de procédés d’écriture qui ne se marient pas ... Beaucoup de petits détails qui m’ont chagrinée et liés au fait que nous sommes face à un premier roman écrit très jeune.

Et pourtant on sent que la matière est là, l’ensemble n’est pas dépourvu de poésie et d’imagination. En outre, ce récit est terrifiant. Une chose est sûre et c’est la grande qualité de ce roman, il laisse peu d’espoir sur la nature humaine et je n’aimerais pas croiser la plupart de ces sombres survivants.

 

Enfin la nuit par Camille Leboulanger aux éditions L’Atalante Poche, ISBN 979-10-360-0072-0, 7 € 

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