Eden Lake

Réalisateur: 

Week-end sauvage



Les nerfs à vif

Jenny et son petit ami Steve quittent Londres pour aller passer un week-end romantique dans un coin isolé au bord d’un lac. La tranquillité du lieu ne tarde pas à être perturbée par l’arrivée une bande de six ados bruyants et déjà bien éméchés qui s’installent avec leur rottweiler non loin du couple. A bout de nerfs, les amoureux leur demandent poliment de baisser le son de leur radio mais c’était vraiment la chose à ne pas faire. En choisissant de tenir tête aux ados, Steve a malheureusement pris la mauvaise décision. Assez rapidement, la situation dégénère et finit par basculer dans la violence pour atteindre un point de non-retour lorsque Steve tue accidentellement le rottweiler. L’heure de la vengeance a sonné et pour prouver sa détermination Brett, le caïd de la bande, n’hésite pas à contraindre ses acolytes, plus ou moins récalcitrants, à commettre, eux aussi, l’irréparable en les entraînant dans sa vendetta aveugle. C’est lui qui commande et les autres doivent donc lui obéir de gré ou de force : dans un 1er temps, il les fait chanter en faisant filmer par la seule fille de la bande leurs exactions puis en les menaçant de montrer la vidéo et, plus tard, lorsqu’ils ont atteint le point de non-retour il va carrément jusqu’à les menacer de mort avant de passer à l’acte.

A history of violence


Le point de départ d’Eden Lake est donc une bande d’ados désœuvrés en mal de repères, qui ne supportant la réflexion que lui fait le couple d’amoureux, décide de les chahuter juste pour s’amuser et passer le temps mais la fierté de Steve le pousse à ne pas se laisser faire par cette bande de gamins, d’autant plus qu’il veut prouver à Jenny qu’il est parfaitement capable de résoudre le problème tout seul. Aucun des deux camps ne voulant s’avérer vaincu, les choses ne font forcément qu’empirer. Une action du couple entraînant une réaction de la bande et vice versa, c’est alors le début d’une réaction en chaîne et de la fuite en avant. La chasse à l’homme dans les bois isolés commence vraiment dès lors que Steve tue malencontreusement le rottweiler et, la violence engendrant la violence, le couple d’amoureux se laisse aspirer, bien malgré lui, dans une spirale infernale que plus personne ne pourra arrêter.

La mauvaise éducation

Le scénario s’inspire de la nouvelle forme de violence dont fait preuve, de nos jours, une partie de la jeunesse qui se croit désormais tout permis et ne respecte plus rien, ni personne surtout lorsque des adultes (qu’ils s’agissent d’ailleurs de leurs parents ou pas) osent leur faire la moindre réflexion, ce comportement irrespectueux à l’égard d’autrui provenant souvent du fait que leurs parents ne leur ont jamais fixé de limites depuis leur tendre enfance ni inculqué les bases d’une quelconque moralité.

Le monstre qu’est devenu Brett ne fait, en réalité, que reproduire à sa façon ce qu’il a toujours connu dans sa famille, à savoir le comportement de son père, une brute épaisse et alcoolique. Il cherche à prouver à ses copains qu’il n’est plus un gamin mais un homme, ce qui pour lui signifie obligatoirement faire du mal aux autres et surtout n’éprouver aucun sentiment. L’escalade de violence qu’il a déclenchée va finir par le rendre impitoyable jusqu’à en devenir inhumain. Au début, Brett n’est qu’un ado s’amusant avec sa bande de copains à ennuyer un couple d’amoureux avant de devenir un vrai psychopathe qui finit par se regarder en face dans un miroir comme si rien de ce qu’il avait commis n’avait d’importance et ne l’affectait en aucune manière.


De son côté, après avoir été traquée comme du vulgaire gibier puis avoir assisté à toutes les atrocités que les jeunes tortionnaires ont fait subir à l’homme qu’elle aime, Jenny change, elle aussi, radicalement lorsque son “côté obscur” prend le dessus pour tenter de sauver de sa peau au moment où l’unique alternative n’est plus que “tuer ou être tuée”. Après avoir vécu un tel enfer, on s’interroge donc sur les séquelles physiques, mentales et psychologiques des principaux protagonistes survivants de ce drame, qu’ils soient victimes ou tortionnaires, puisque que leurs rôles s’inversent au cours de l’intrigue.

Eden Lake est un thriller horrifique hyper violent mais à caractère sociologique qui se veut provocateur afin de faire réfléchir le spectateur sur le thème de l’incompréhension intergénérationnelle grandissante dans notre société d’aujourd’hui. L’intrigue va crescendo dans l’escalade de la violence qui a ici un aspect brut de décoffrage et le côté réaliste de la situation ne fait que rendre le résultat encore plus effrayant. Ce Survival sans concession et jusqu’au-boutiste est particulièrement réussi en raison de sa mise en scène efficace, de ses effets prosthétiques et surtout de l’excellence de l’interprétation de l’ensemble de son casting. On passera donc sur les quelques invraisemblances du scénario.

Eden Lake

Réalisation : James Watkins

Avec : Kelly Reilly, Michael Fassbender, Jack O’Connell, Thomas Turgoose, Finn Atkins, Bronson Webb, Jumayn Hunter, Thomas Gill

Sortie le 8 octobre 2008

Durée : 1 h 30

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