Douve

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« Le gamin a Douve dans les veines. »Cette phrase, prononcée par son père quand il n’était encore qu’un enfant, l’inspecteur Hugo Boloren ne l’a jamais oubliée. Alors quand il apprend qu’un meurtre a eu lieu à Douve, il y voit un signe. Son père est mort, l’Alzheimer a dilué les souvenirs de sa mère ; c’est sa dernière chance de comprendre en quoi ce village perdu au milieu d’une forêt de sapins lui coule dans les veines.

Tout ce qu’il sait, c’est que son père, policier lui aussi, a été envoyé à Douve il y a quarante ans pour enquêter sur la fuite médiatisée d’un Islandais accusé de meurtre, et que sa mère, journaliste, l’a accompagné pour écrire un livre sur l’affaire.Que s’est-il passé là-bas et pourquoi ont-ils toujours refusé d’en parler ?Armé du livre écrit par sa mère, Hugo Boloren va plonger dans ce village peuplé d’habitants étranges, tous unis par un mystère qui semble les hanter.

Au fil de son enquête, une question va bientôt s’imposer : et si le meurtre qui a récemment secoué le village était lié au séjour de ses parents, quarante ans plus tôt ?

 

La quatrième de ce bouquin m’intriguait vraiment, parce qu’elle réunissait plusieurs ingrédients dont je suis particulièrement friande : des non-dits, des histoires de famille et un lieu reculé où les habitants semblent protéger un secret. Autant vous dire qu’ avec Douve, j’ai été servie.

Le lieu tout d’abord, Douve, ce village perdu dans la forêt, gris, morne et humide, où ne subsistent que quelques âmes étranges voire un peu mystérieuses, Douve se prête vraiment au genre. Lieu étouffant, délétère, il nous donne presque l’illusion d’un huis-clos — y compris dans les scènes qui se déroulent en pleine nature — en renforçant l’ambiance pesante et parfois même glauque. Douve est en fait le protagoniste principal du roman, autour duquel gravite une galerie de personnages tous plus extraordinaires les uns que les autres, avec une mention spéciale pour les jumelles qui m’en ont rappelé certaines de ma connaissance. L’auteur les brosse plus qu’habilement et leur prête vie sous nos yeux en faisant preuve d’un véritable don pour la description, tout comme pour les lieux et les atmosphères.

En ce qui concerne l’intrigue, elle se révèle tout à fait incroyable, avec une fin inattendue, et alors même qu’on pense que c’est terminé et que tout a été dit, voilà qu’un nouveau bouleversement nous prend par surprise.

Mais ce qui prime, selon moi, dans ce roman, c’est le style d’écriture tout à fait personnel de Victor Guilbert. Il nous présente l’histoire à la première personne du singulier, ce qui la rend très vivante et nous y intègre plus facilement. Il manie allègrement  l’ironie et le cynisme, avec un humour assez décalé et souvent très noir, ce qui sied particulièrement bien au récit. Son vocabulaire, son phrasé, ses expressions sortent vraiment de l’ordinaire et n’ont rien de convenu. En bref, il possède une vraie signature stylistique.

C’est pour toutes ces raisons que je vous recommande vivement la lecture de ce roman noir mi-policier, mi-thriller.

Et c’est vivement aussi que je remercie les éditions J’ai lu pour cette belle découverte.

Parue sur Beltane (lit en) secret

 

Douve, Victor Guilbert, J'ai lu, 8,00 €

 

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