Démons

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

Avant de commencer, je remercie Séma éditions de m'avoir fait découvrir ce livre que j'attendais avec tant d'impatience depuis publication de la couverture. Bien sûr, un autre remerciement plus particulier pour la merveilleuse ambiance du salon de Trazegnies où j'ai reçu mon exemplaire.

 

Résumé :

« Souffrir ou faire souffrir. Tuer ou mourir. Les choix étaient simples, et limités. Il n’y en avait aucun autre. »
Dans un monde sans pitié, Aldavir, un jeune orphelin, a la chance d'être recueilli par un vieux marchand.
En route vers Burnwick, un village isolé, ils sont attaqués par un loup, et le garçon se retrouve livré à lui-même.
Propulsé au cœur de la terrible malédiction qui frappe le village, séquestré et manipulé, il va devoir se battre pour espérer survivre et peut-être vaincre ce mal mystérieux, sans compter les horribles créatures qui en résultent...

 

Certes, on dit souvent qu'on ne doit pas juger un livre à sa couverture, mais je tiens tout de même à féliciter l'illustratrice de Démons, Fleurine Rétoré, parce qu'elle a fait des merveilles.

 

Pour ce qui est du livre en lui-même, d'autres félicitations s'ensuivent. Shirley, lorsque tu liras ceci, dis-toi que tu m'as littéralement bluffée. Te connaissant de vue sur Facebook, je n'aurais jamais imaginé une telle sauvagerie de ta part. Ton récit à l'allure plutôt dramatique a pris un tournant horrifique absolument surprenant. C'est déroutant.

En effet, Aldavir, très jeune adolescent, se retrouve confronté à des aventures dont vous ne pourriez même pas imaginer la dureté. Dureté à vivre et à lire, mais aussi dureté de la réalité. Cela change étonnement des récits habituels où seul un grand événement est dramatique, où péripéties ne sont que successions d'épreuves et de récompenses. La souffrance retrouvée dans ce livre n'est pas toujours assimilable avec facilité, mais sortir des sentiers battus est quelque chose qu'il nous faut parfois parcourir et dont nous devons nous délecter.

 

Personnellement, je suis adepte de la marginalité, et cela Shirley nous en offre au possible !

 

Passant par divers lieux, dans un rythme régulier, l'auteure nous transporte à travers des événements dont le but est toujours bien fixé. Pas le temps de s'ennuyer, une fois un problème réglé, en voilà un autre ! Et encore, ces problèmes seront-ils un jour résolus ? Car, oui, une chose m'a réellement marquée : même dans un monde surréaliste, ce sont des sentiments on ne peut plus humains qui sont mis en avant, et avec eux tous les tracas qui s'ensuivent. Aldavir, souvent accompagné d'une personne ou d'une autre, chacune décrite avec profondeur et traînant un lourd passé, se voit confronté à des difficultés que vous pouvez retrouver dans le monde actuel : besoin de puissance, amour de la famille, égoïsme, souffrance, mort. Shirley ne mâche pas ses mots et, je pense, nous enseigne à travers ce roman la dure réalité nullement bercée d'idéaux. L'être humain, dans toute sa splendeur, et ce qu'il est capable d'accomplir. Par amour ou par égoïsme. Chacun est guidé, traîne une histoire, chaque personnage est développé et n'en est que plus attachant et vraisemblable. Mais, surtout, personne n'est épargné. Rien ne peut laisser prévoir tel ou tel acte, telle ou telle mort, aucune pitié n'émane de la créatrice de cette oeuvre, et pourtant rien n'est vain.

 

Tout a un sens, un sentiment, une explication, un but, un message. C'est une claque.

 

Certes, c'est un récit délectable, dont il n'est pas désagréable de reprendre le cours. Mais, je n'ai pas retrouvé cette petite note d’addictivité. Même si, comme mentionné ci-dessous, les actions ne sont pas laissées au hasard, c'est souvent sur le court terme. Le fil conducteur est bon, mais un schéma superposé d'aventures ne laisse pas place à la touche de dépendance qui aurait pu rendre le roman impossible à lâcher. La continuité n'est pas retrouvée au niveau de l'histoire elle-même, un peu plus de complexité dans une intrigue plus longue et suivie, ainsi que des rebondissements autres que ceux des passés individuels des personnages, auraient été la cerise sur le gâteau.

Autre petit défaut : la narration. Ces personnages sont donc merveilleusement développés, mais cette succession de petites péripéties fait que le lecteur se perd facilement. La narration externe (en « il ») n'aide pas. Le récit est entièrement dirigé sur notre cher Aldavir et, même si les acteurs secondaires sont fortement présents, il n'en reste pas moins le principal protagoniste. La plupart du temps, donc, c'est son point de vue qui est décrit, et, parfois, d'une ligne à l'autre, on passe à celui de quelqu'un d'autre. En raison de l'omniprésence de l'adolescent, une narration interne aurait aidé non seulement à l'approfondissement de ce personnage au haut potentiel, mais aussi à la fluidité du roman.

 

Heureusement, la plume de Shirley J. Owens et ses leçons de vie peuvent facilement surmonter cela en vous poignardant le cœur à maintes reprises et en titillant votre empathie.

 

En résumé, Démons est un livre qui ne s'adresse pas aux cœurs tendres, un roman à la fois réaliste et poignant. Pour ceux qui aiment être secoués, maltraités, mais aussi qui connaissent la vraie valeur de la vie, ce récit est à mettre en haut de votre pile.

 

Démons, par Shirley J. Owens, couverture par Fleurine Rétoré, Séma éditions, mai 2016, 306 pages, 978-2-930880-06-8, 18€

Lien vers la chronique de blog : http://honey-money.weebly.com/chroniques/demons

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