Constellations T1
Daniel et Efrim vivent dans le Stade.
Le Stade est comme une prison à ciel ouvert. Au centre, il y a un immense bidonville où survivent des milliers d’humains. Autour, les gradins qui servaient autrefois aux spectateurs. Mais qui sait, aujourd’hui, ce qu’est un match ou des spectateurs ? Au delà des gradins, des barbelés et l’inconnu.
De cet inconnu, débarquent parfois les Ombres. Lorsque les projecteurs balancent leurs lumières aveuglantes, elles débarquent du Ciel, vous trouent le corps et vous embarquent comme de la viande morte. De la viande ! Oui, peut-être que tous ces gens, tous ces survivants d’un passé dont seuls quelques-uns conservent les bribes, ce peuple auxquels Efrim et Daniel appartiennent n’est autre qu’un vaste élevage humain.
« Constellations » dépasse le simple récit de Science-Fiction. Cette bd est également un poème, un Ode à l’évasion, une lutte contre le désespoir, ce désespoir qui plonge notre société moderne dans un néant d’initiatives. Pourtant, il existera toujours des jeunes gens pour braver l’interdit. Car pourquoi accepter un monde fait de limites ? Pourquoi ne pas se rebeller ? Pourquoi faire tout ce que l’on nous dit bêtement, en attendant on ne sait quoi ? C’est la fougue de la jeunesse qui respire dans ce récit. Et même si nous ne vivons pas dans une vaste prison-ville, le monde de « Constellations » fait souvent écho avec notre société de plus en plus cadrée.
A la lecture de cette bd, j’ai même eu l’impression de m’asseoir sur l’un de ses gradins, aux côtés de Daniel, Efrim, Minia et Fanny et, comme eux, il ne me restait plus qu’à regarder les étoiles pour me sentir libre. Comme le dit Fanny, la jeune artiste de l’histoire, on ne peut nous voler nos rêves, c’est en eux que se trouvent la porte de sortie.
Comme vous le voyez, « Constellations » touche en plein cœur. Pas de sentimentalisme hollywoodien, mais du bon vieux ressenti dopé à l’esthétique manga. Les textes sont profonds. L’auteur abandonne souvent le style bd pour écrire des pages de poèmes agrémentés d’illustrations. Des photos, des fois. Les personnages ont du sens. Ils symbolisent les diverses manières dont nous réagirions face à l’emprisonnement. Efrim du clan des Taupes est un fouineur, un casse-cou, qui creuse dans les profondeurs obscures du Stade et de son passé pour trouver une porte de sortie. Fanny est une illuminée. Elle fuit dans sa tête, dans sa musique, dans ses œuvres et dans sa danse. Minia est une suiveuse et Daniel est un sceptique, figé par ses doutes.
Un panel de personnages intéressants qui offrent autant de dialogues bluffants.
Je pourrais vous en dire encore beaucoup sur « Constellations ». Lisez le, vous comprendrez.
Titre : Constellations – tome 1 – Dans le Stade
Scénario : DARYL
Dessins : POPCUBE
Editeur : Ankama
Nbre de pages : 240