Cloverfield

Réalisateur: 

The thing



Panique à Manhattan

Le 22 mai dans un appartement situé au cœur du quartier de Columbus Circus à Manhattan, Beth se réveille et constate que Hud, son petit ami, est en train de la filmer avec son caméscope. Plus tard dans la soirée, tous deux vont rejoindre un groupe d’amis trentenaires qui ont organisé une petite fête pour célébrer le départ imminent de Rob pour le Japon suite à sa récente nomination en tant que vice-président au sein de la société dans laquelle il travaille. Rob s’apprête à tourner la page sur son passé et à changer de vie (nouveau pays de résidence, nouvelles responsabilités dans son job et mariage en cours de préparation). Il va laisser à New York son frère Jason, sa bande de copains et surtout Beth avec qui il a eu récemment une brève aventure alors qu’il s’apprête pourtant à en épouser une autre. Beth, fatiguée, préfère quitter les lieux de bonne heure pour rentrer chez elle se reposer tandis que Hud passe son temps à tout filmer, ce qui agace plus d’un participant et demande à chacun d’entre eux d’enregistrer un petit message à l’intention de Rob.

Alors que la fête bat son plein et que l’alcool coule à flots, la lumière clignote brusquement et le sol vacille fortement comme sous l’effet d’un tremblement de terre avant qu’une violente explosion ne retentisse non loin de là. En regardant par les fenêtres, les personnes présentes voient au loin un immeuble en flammes. Tout le monde se précipite dans la rue. C’est alors qu’une boule de feu semble traverser le ciel au-dessus d’eux et, dans un bruit assourdissant, la tête décapitée de la Statue de la Liberté s’écrase au sol après avoir percuté plusieurs buildings sur son passage. Dans la panique générale qui s’ensuit, de multiples collisions entre divers véhicules font de nombreux morts et des blessés. Quelques minutes plus tard, c’est le sommet d’un autre immeuble qui explose, projetant dans les airs toutes sortes de débris enflammés, avant de s’effondrer sur lui-même provoquant un immense nuage de poussière qui, tel un tsunami, déferle et recouvre tout sur son passage, obligeant du coup les fuyards affolés à se réfugier dans le premier abri possible. Il semblerait qu’un gigantesque monstre ravage tout sur son passage.



Sauve qui peut

L’armée ne tarde pas à investir les rues avec des véhicules blindés, équipés de mitrailleuses, et des chars d’assaut. Les soldats sont chargés de “tuer le monstre” et d’évacuer les habitants de la ville alors que règne le plus grand chaos. La première tentative se termine d’ailleurs en catastrophe dans la mesure où la créature détruit le pont de Brooklyn causant ainsi la mort de centaines de personnes affolées qui tentaient désespérément de quitter Manhattan. Jason, le frère de Rob, figure au nombre des victimes. De son côté, Rob vient de recevoir un appel téléphonique de Beth, qui lui dit qu’elle est gravement blessée et coincée sous un pan de mur de son appartement qui s’est effondré sur elle, juste avant que la communication ne soit interrompue car la batterie du portable de Rob est hors service.

Par amour pour Beth, Rob décide de rebrousser chemin pour tenter de lui porter secours. Hud, qui continue toujours à tout filmer avec son caméscope, ainsi que deux autres de leurs amies, décide de l’accompagner. Pour éviter le massacre généralisé qui continue de plus belle dans les rues de la ville, le petit groupe décide d’emprunter les tunnels du métro puisque celui-ci est désormais hors d’usage. Au cours de leur hasardeux périple dans les galeries souterraines plongées dans le noir, ils se font attaquer par de nouvelles et terrifiantes créatures (une espèce d’énormes araignées, de la taille d’un chien, avec une grosse tête et une gueule munie de grandes dents acérées) qui vont mordre l’une des fuyardes qui n’y survivra pas. Au sortir du métro, trois stations plus loin, ils tombent sur un centre médical avancé où des soldats, complètement dépassés par les évènements, tentent tant bien que mal de porter secours aux nombreux blessés.

A l’extérieur, l’évacuation se déroule désormais par roulements d’hélicoptères et l’ordre a été donné par le Pentagone de larguer une bombe au phosphore à 6 h du matin pour venir à bout du monstre. Les survivants encore piégés à Manhattan n’ont maintenant plus que quelques heures à vivre. Le point de ralliement pour l’ultime évacuation est à Central Park. C’est d’ailleurs là qu’on retrouvera la fameuse vidéo tournée par Hud pour la postérité. 23 Mai - 6 h 42 - fin de la prise de vue.

Le témoin de la dernière heure



Cloverfield n’est pas vraiment un film traditionnel puisque tourné en caméra DV subjective, à la façon d’un docu, mais plus une expérience à vivre. Le scénario se résume ici à un simple pitch de film catastrophe dans lequel un gigantesque monstre attaque New York et détruit tout sur son passage dans la lignée des Godzilla. Quant à la mise en scène, il s’agit d’un exercice de style à façon du Projet Blair Witch. On part ici du postulat que ce que le spectateur voit à l’écran est, en fait, la vidéo qui a été tournée par Hud pendant sa fuite éperdue pour tenter d’échapper au monstre et qui, par hasard, a été retrouvée dans un caméscope abandonné au beau milieu de ce qu’on appelait autrefois “Central Park”.

L’expérience vécue par le spectateur s’apparente donc à une sorte de grand huit de fête foraine, filmé par une caméra hystérique qui bouge souvent dans tous les sens puisque le vidéaste amateur qui est censé avoir filmé l’action court pour échapper au danger. Ici, tout est centré sur la forme avec pratiquement rien dans le fond. Dans cette panique générale où tout le monde crie et fuit à toutes jambes, impossible pour le spectateur de se sentir vraiment impliqué et/ou de ressentir une quelconque empathie pour les protagonistes de l’histoire (contrairement à The Host) dont on ne sait quasiment rien et qui, de toute façon, sont obligatoirement destinés à être sacrifiés sur l’autel de ce “coup marketing” orchestré (certes de main de maître) par J.J. Abrams, la réalisation du film ayant été confiée à Matt Reeves.

Dans Cloverfield, il n’y a aucun “héros” dans le sens hollywoodien du terme, juste de simples New-Yorkais qui courent et hurlent en tentant de sauver vainement leur peau. L’action se déroule en l’espace de seulement 24 h dans une ambiance apocalyptique, visiblement très influencée par les tragiques évènements du 11 septembre et par le traumatisme américain qui s’ensuivit (on assiste ici à la décapitation de la Statue de la Liberté puis à l’effondrement de l’Empire State Building ainsi qu’au souffle ravageur des vents de poussière et autres débris qui dévastent tout sur leur passage).

Le comble réside dans le fait que dans ce typique film de monstre, on ignore tout de lui ainsi que des créatures qui ont investi les tunnels du métro (ce dont il s’agit exactement) et de leurs origines (créature extraterrestre, créature des abysses surgie d’une faille océanique, résultat d’une expérience scientifique ou militaire qui aurait mal tourné, mutation génétique spontanée, etc). En fait, on aperçoit le monstre seulement de temps à autre, partiellement et par à-coups, entre deux ruines ou lorsque l’extrémité de sa queue détruit des façades d’immeubles rien qu’en se balançant, plutôt qu’on ne la voit vraiment. Dans la mesure où les effets visuels (destruction des immeubles) et spéciaux (design du monstre et des autres créatures) sont particulièrement réussis, le spectateur se sent d’autant plus frustré de n’en voir et de n’en savoir que si peu.

Cloverfield

Réalisation : Matt Reeves

Avec : Lizzy Caplan, Jessica Lucas, T.J. Miller, Michael Stahl-David, Mike Vogel, Odette Yustman.

Sortie le 6 février 2008

Durée : 1 h 30

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