Champignac : Enigma

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Dans l’univers de Spirou, il manquait une bande dessinée qui renouvellerait le genre sans dénaturer les personnages. Après le Marsupilami, le petit Spirou et Zorglub, voilà que c’est Champignac qui fait son apparition dans ce premier tome qui nous conte ses aventures lorsqu’il était plus jeune. L’histoire se passe en 1940 pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est Etien et Beka qui sont aux commandes de ce premier tome. David Etien qu’on connait pour avoir dessiné L’emprise, le neuvième tome de la quête de l’oiseau du temps, ou le cycle « Les quatre de Baker Street ». J’avais un peu peur à l’idée qu’on touche à un des personnages phares de Spirou. Mais rien que la couverture m’a rassuré. Etien est au sommet de son art et réalise certainement une des plus belles bandes dessinées.

Beka m’a intrigué jusqu’au moment où j’ai découvert que ce pseudonyme cachait en fait deux noms distincts : Caroline Roque et Bertrand Escaich, scénaristes et auteurs qui ont déjà un nombre conséquent d’histoires à leur palmarès. Je dois avouer que je n’ai rien lu de Beka avant ce Champignac mais le travail qu’ils ont fait sur cette BD est excellent.

Champignac reçoit un message codé de son ami anglais Black. Après avoir décrypté celui-ci, il comprend que son ami a besoin de son aide en Angleterre pour une mission très importante. L’invasion par les Allemands du château de Champignac va l’inciter à se rendre rapidement en Angleterre. Et après quelques péripéties pour traverser la Manche, il arrive à Bletchley où il fait la connaissance de Blair Mackenzie, une jeune femme qui a gagné un concours de mots croisés. En fait, les services de renseignements anglais recrutent des personnes intelligentes pour décrypter le code de la machine Enigma. Champignac et Blair Mackenzie sont libres d’accepter cette mission. Comme c’est le cas, ils renforcent l’équipe d’Alan Turing.

L’album explique dans les grandes lignes comment fonctionne Enigma et comment les services de renseignements vont décrypter ce code et essayer de changer le cours de la guerre sans que les Allemands s’en rendent compte. L’histoire est bien construite et colle assez bien à la réalité. Bien sûr, on pourra toujours reprocher que ce soient les Polonais qui ont fourni aux Français et aux Anglais les premières informations sur la machine Enigma. Et ce sont les Anglais, grâce à Alan Turing, qui ont décodé les messages que les forces allemandes s’échangeaient pendant la guerre. Le style oscille entre vérité historique et personnages un peu fantaisistes et amusants.

Pour ceux qui veulent approfondir le sujet sur la machine Enigma et son code, et rester dans la bande dessinée, je conseillerais comme complément Le cas Alan Turing de Liberger et Delalande. C’est le même sujet traité sur un ton biographique. Je préfère évidemment la version Champignac.

Reste que Champignac est une excellente BD, très bien dessinée avec un scénario solide, dans lequel on retrouve un Pacôme plaisant, amoureux et intelligent à souhait. L’histoire tient en 64 pages (et pas 48 comme c’est souvent le cas). Les scénaristes n’ont pas été avares sur l’histoire, et le dessinateur nous présente des personnages crédibles dans des décors qui le sont tout autant.

Voilà une BD qui a accroché le lecteur que je suis, qui m’a captivé jusqu’au bout au point de la lire d’une seule traite. Je préfère même ce jeune Pacôme Hégésippe Ladislas, conte de Champignac, à sa version Spirou. Et le voir amoureux de Blair Mackenzie rend la situation cocasse, surtout sur fond de Seconde Guerre mondiale.

Certains personnages historiques font leur apparition dans cette BD. Winston Churchill, Alan Turing, mais aussi Ian Fleming, le créateur de James Bond, Adolf Hitler qui, dès le début, jette une ombre sur cette histoire. Je me suis demandé si le groom en page 64 était un parent de Spirou. Qui sait ?

Album à conseiller, à dévorer, et cycle à suivre de près. Vraiment excellent.

 

Champignac : Enigma, Etien et Beka, Dupuis, 2019, 64 pages

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