Internal Lobster

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Illustrateur / Dessinateur: 


Il marche au bord d’une plage. Il est seul. Il repense à Yuki qui l’a quitté. « Il » est un homme d’apparence banale, à la différence près qu’il est un oOccidental au milieu de millions de Japonais. Pourquoi Yuki l’a-t-elle quitté ? A cause d’elle, maintenant, Il erre dans un métro sans âme, un métro vide de sens et de gens, un métro dont le terminus lui paraît aussi insaisissable que sa propre destinée. Pourtant, Il n’est pas abandonné. Coupé du monde, certes, mais pas sans amis. Il a Tahei, une grande marionnette en peluche avec qui il discute à propos de Yuki, de cette ville qui les entoure, de cette société qui les rejette et les idolâtre. Leur ami Homard est là également. Condamné à l’extermination au fond d’une casserole bouillante, sera sauvé par Il.

Totalement insaisissable au départ, cette bd se construit peu à peu comme un vaste puzzle dont le lecteur assemblerait les pièces dans le désordre. Du coup, on se perd, on se noie, on refait surface, au fur et à mesure que « Il » se livre à nous.

La force du récit vient de son rythme. Lorsque nous sommes dans la tête de « Il », nous partageons ses pensées, ses craintes. Le temps passe lentement et nous avons une prise consciente sur sa réalité intérieure. Puis, le discours cesse. Les cases défilent à l’allure des croquis d’un carnet de voyage. Nous sautons d’une rue à une autre. Nous voyons défiler des lieux, des gens, des objets, des sons. Jusqu’à ce que, soudain, nous reprenions le fil du récit.

Cette instabilité idéalement gérée par l’auteur fait que, malgré notre manque d’emprise sur l’histoire, nous ne parvenons pas à décrocher. Nous sommes entraînés dans un tourbillon jusqu’à finir éjectés. Direction... ?

L’autre force de la bd est son graphisme. L’auteur a choisi un côté sketchbook. Chaque case est comme un croquis posé rapidement sur le papier et abandonné précipitamment pour entamer la case suivante. Le trait en devient vibrant. Les couleurs, à l’identique, finissent comme projetées sur nous afin de nous surprendre à chaque changement de scène.

Ca déstabilise. Ca hypnotise. Ca m’a captivé.

Titre : Internal Lobster

Scénario et dessin : COLONNIER Laurent

Editeur : La boite à bulles

Parution : janvier 2010

nbre de pages : 64

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