Six ans déjà

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Soyons honnête… Cela sentait déjà un peu le roussi avec « Ne t’éloigne pas » qui sort en poche en même temps que ce « Six ans déjà » déboule en grand format. La formule Coben est parfaitement rodée : un premier chapitre en forme de point d’interrogation, un brave héros qui ne comprend plus rien à une vie qu’il pensait réglée comme du papier à musique… Et enfin une « solution » qui se trouve dissimulée quelque part dans le passé. Cela sent le roussi, parce que lorsqu’une formule est appliquée avec rigidité, il vaut mieux que les personnages soient attachants, que les « bas guys » soient crédibles… Et surtout que le jeu en vaille la chandelle…

Avec « Six ans déjà », Coben fini par basculer sans l’auto-parodie, piochant dans la plupart de ces anciens bouquins les éléments destinés à alimenter son intrigue. Lire ce roman, c’est comme entrer dans une maison aux plans connus… décorée avec des trucs piqués dans un best-of déco.

Certains vous diront que c’est ce qu’ils cherchent : un confort, l’impression d’être en terrain connu… Et puis d’être surpris par les subtiles variations apportées par l’auteur. Sauf qu’ici, de variation il n’y a point, ou trop peu. Collez un masque rouge sur la binette de Zorro, cela reste Zorro.

Pour le plaisir, annonçons tout de même que le héros du jour voit l’amour de sa vie en épouser un autre, dans la précipitation, sans aucune explication. Six ans plus tard, alors qu’il découvre que le mari a passé l’arme à gauche, notre amoureux transi décide de se rendre aux funérailles… Et découvre que ce n’est pas celle qu’il a aimée qui verse une larme sur le cercueil. Après cette mise en bouche qui en vaut une autre, Coben nous déroule le fil de son intrigue, assure le minimum syndical de retournements de situation et conclut ses 350 pages tassées avec un happy-end plein de trous et d’invraisemblances.

A force d’écrire avec le nez sur sa structure, pressé par un système qui exige son dû annuel, Harlan Coben s’épuise et offre de pâles copies de ses propres œuvres à des lecteurs qui oublient qu’être fan, c’est aussi être exigeant et pointer du doigt les dérives d’une formule qui a fait son temps…

Six ans déjà par Harlan Coben, traduit par Roxane Azimi, Éditions Belfond

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