Bob Morane Renaissance - Les terres rares

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En bd, nous sommes dans la période des reboots. Michel Vaillant a reçu une cure de jouvence et ne s’en tire pas trop mal, Alix s’est bonifié en devenant sénateur. Voici Bob Morane qui fait son retour. Mais est-ce bien Bob Morane ? Ce premier tome scénarisé par Ducoudray et Brunschwig et dessiné par Armand se dissocie fortement des précédentes BD.

On découvre un Bob Morane lieutenant dans l’armée française, en mission au Nigéria. L’événement déclencheur de cette BD, c’est l’action qu’entreprend Morane pour sauver celui qui deviendra le futur président du pays. Morane agit sans avoir l’autorisation de sa hiérarchie et se fait aider par le sergent Ballantine. Cette action aura des conséquences négatives pour les deux hommes, qui se verront trainés en justice et incarcérés. Si Morane peut bénéficier de la grâce présidentielle, il n’en est pas de même pour Ballantine qui doit purger sa peine de six ans. Ce petit tour de passe-passe permet aux auteurs d’éliminer Bill Balantine de l’équation alors que c’est un personnage principal.

On retrouve Bob Morane comme bras droit du président nigérien. C’est devenu un rond-de-cuir en costume et cravate qui manque totalement de personnalité. Je passe le côté physique du personnage, qui ne colle pas avec les BD précédentes. Morane a des allures de loubard mal rasé. C’est un croisement entre Simon Ovronaz, le meilleur ami de Largo Winch, et Thorgal qui est passé chez le coiffeur. Bill Ballantine ressemble à un viking, tandis que Sophia Paramount est devenue Sophia Zukor et porte des lunettes. Miss Ylang-Ylang ressemble a une gamine et Tania Orloff a perdu son côté glamour. Qu’est-ce que ce sera lorsqu’il faudra aborder monsieur Ming ou Roman Orgonetz ?

Ce personnage manque de relief et ne s’impose pas au lecteur. À part sortir son arme dans la séquence d’ouverture et après l’explosion de l’avion présidentiel, c’est plus un ancien militaire en costume-cravate, qu’un aventurier. Largo Winch, XIII, Alpha, Wayne Shelton ou Bruno Brazil sont plus inspirés du personnage de Bob Morane créé par Henri Vernes.

Les auteurs ont voulu se dissocier des précédentes versions, quitte à casser le mythe. Le personnage principal de ce reboot pourrait s’appeler John Doe ou Robert Dupond, que ça passerait beaucoup mieux. Le lecteur que je suis n’adhère pas à cette nouvelle image de Bob Morane ni à celle de Bill Ballantine ou Sofia Paramount (et j’insiste sur le nom Paramount et pas Zukor).

Si on fait abstraction de cinquante années de Bob Morane écrits par Henri Vernes et dessinés par Attanasio, Forton, Vance et Coria, cette nouvelle BD peut très bien être le début d’un excellent cycle pour un personnage qui porte un autre nom.

Des points positifs. Le découpage et les dessins de Dimitri Armand. Ils donnent plus de rythme à l’histoire et sont dans l’air du temps. Un scénario qui oscille entre complot politique, policier et un soupçon d’aventure qu’on devine pour le tome suivant.

Les points négatifs sont les longueurs qui n’apportent rien à l’histoire, comme la préparation de la soupe egusi à la page 36 qui aurait pu se résumer à une ou deux vignettes et pas à une page entière. À moins que les auteurs décident pour le prochain album que le personnage principal participe à Masterchef.

J’ai terminé cette BD avec un avis mitigé. Si ce n’est pas du Bob Morane, c’est bien fait. Si c’est un reboot de l’aventurier, alors les scénaristes sont passés à côté du personnage. Je me demande s’il n’aurait pas été préférable de demander à Jean Vanhamme d’écrire le premier tome. Au moins, il aurait respecté le personnage de Bob Morane, quitte à le céder par la suite à d’autres scénaristes.

En guise de conclusion, j’ai une seule question : où est l’âme de Bob Morane dans cette BD ?

 

Bob Morane (cycle Renaissance) - T1. Les terres rares, Luc Brunschwig, Aurélien Ducoudray, Dimitri Armand, Hugo Facio, éditions Le Lombard, 2015, 60 pages.

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