Petites danses de macabré

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Macabré ? Danse macabré ? Danse des morts ? Claude Bolduc, dans sa préface, n’ira pas plus loin dans l’étymologie de cette évocation de la mort, que la musique évoquera aussi (Danse macabre, de Saint-Saëns, ou Danse des morts, d’Honegger).

Si, manifestement, cet hommage ’macabre’ nous vient du plus profond passé médiéval, il attire tout autant notre présent, que la chorégraphie mortuaire fascine encore et toujours. Comme l’écrit Bolduc : "Après tout, le macabre est dans les yeux de qui regarde."

Et ces yeux seront treize (évidemment) à porter un regard sur la Mort. Récits brefs ou plus longs, tous passionnants et surtout divers. Les auteurs ne sont pas nécessairement des stars, et viennent du Québec (8) ou de Belgique (4), et même d’Italie, à moins que l’on ne considère Serena Gentilhomme comme française d’adoption. Sa nouvelle, Onction extrême, est…extrêmement prenante, et relate l’exécution d’un condamné à mort vécue par un adolescent puni pour impertinence. L’impertinence étant une des grandes qualités de l’auteure, on ne pourra qu’applaudir ce texte assez dur, tout de même. L’enfant est central aussi chez Jean Pettigrew, très ’nature cruelle’. Cruauté que nous retrouvons chez Pierre Bernier ou, mais plus abstraite, chez Anne Duguël, qui nous fait rencontrer un enfer très particulier. D’autres récits, pour être moins costauds, s’avèrent saisissants. La Roue de Paul Mathieu, symbolique, ou Reflet de lune de Jean-François Somain, histoire de vengeance de louve assez gore, ou le tout dernier, Vieille Couvarte de Stéphane-Albert Boulais.
Symboliques, surréalistes ou oniriques même seront les Quatre chambres visitées par Natasha Beaulieu, flirtant avec la SF. Surréalistissime la "pièce en plusieurs scènes dont la deuxième" de Jean-Luc Geoffroy intitulée Variations pour cordes à nœuds et absinthe, mon préféré du recueil, qui renoue avec la tradition belge de l’absurde surréel : à pleurer ( ?) de rire, superbement écrit, bijou à relire vingt fois pour se lubrifier le cerveau. Les amateurs de fantastique canonique se délecteront, eux, du second chef-d’œuvre de cet ouvrage, La Photographie de Raymond Ouimet. Un peu comme dans "Le jeune Homme, l’Amour et le Temps" de Matheson, dont Jeannot Swarcz fit un film poignant, le héros tombe amoureux d’une photo, ici de la sœur du grand-père de son épouse. Amour qui cette fois aboutira au fantastique le plus pur, j’oserais dire le plus parfait. Et qui couronne une anthologie très … macabrée.

Petites Danses de Macabré, anthologie sous la direction de Claude Bolduc, Editions Vents d’Ouest, collection Rafales, 185, rue Eddy, Hull (Québec) J8X2X2, ventsoue@ca.inter.net, 2002, ill. Christian Quesnel, 186 p.

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