Billy Brouillard

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Illustrateur / Dessinateur: 

Billy Brouillard est vraiment un sale mioche. Il noie les fourmis dans sa bave, il embête tout le temps sa petite sœur et surtout, il aime faire pipi sur son chat Tarzan, juste pour rigoler. Billy adore le jeter dans l’eau pourvoir s’il flotte. Billy adore aussi le pourchasser avec casseroles et cuillères. Il aime lui tirer dessus avec son pistolet à ventouse. En fait, Billy n’a jamais été gentil avec Tarzan. Sauf qu’un jour, son chat ne se relève pas. Il est là, raide mort sous le grand chêne. Billy aurait bien aimé qu’il ressuscite d’un coup, il aurait bien aimé enterrer la hache de guerre avec lui, partager son casse-croûte. Mais non, Tarzan ne se relève pas.


Ce que les gens ne savent pas, c’est que Billy voit le monde des morts. Il voit les fantômes des âmes qui partent dans la nuit et les monstres qui l’accompagnent. C’est son imaginaire qui lui procure ce pouvoir. Du coup, Billy ne lâche pas prise. Il poursuit l’âme de Tarzan jusqu’à rencontrer celle qui ne dit rien à personne et tue, comme ça, sans prévenir. J’ai nommé « la Mort ».

Cette bande dessinée est une fantastique fable sur l’apprentissage de la Mort. Son héros est un jeune garçon, un enfant que nous avons tous été et auquel nous pouvons facilement nous identifier. Ce n’est pas un ange, non. Ce n’est pas un monstre non plus. C’est un petit garçon qui aime faire des misères à ceux qui l’entourent et qui, en même temps, doit vivre avec ses peurs, ses angoisses et ses inquiétudes.

Quelles sont ses peurs ? La nuit. Le froid. Et surtout, la Mort. Ses moyens de défense ? Son imaginaire. S’il fait froid la nuit, que les nuages sont sombres et menaçants, ce sont des monstres qui se sont emparés du ciel et qui font peur aux gens. Billy adore ça. Tous ces éclairs, toutes ces créatures. C’est génial ! Par contre, face à la Mort, c’est l’incompréhension. Billy y voit une fille, muette et sans cœur. Il combat les démons des nuages, ils finissent par disparaître et arrive le beau temps. La Mort, il peut la secouer dans tous les sens, rien n’y fait. Elle revient toujours et qui plus est, elle tue les gens qu’on aime sans laisser le choix à personne.

Quelles sont ses angoisses ? Billy cherche des réponses au silence de la Mort. A travers toute la bande dessinée, il nous propose son glossaire très personnel des créatures de la nuit. Il y a des vampires, des fantômes, des vers gluants et baveux, la fille aux couteaux qui tue tous ceux qu’elle aime, etc. Billy a un mot pour ses angoisses. Les « formes pensées ». Plus exactement, les « formes pensées négatives ». Car il y en a des positives. Mais elles sont difficiles à trouver. Penser du mal des autres, se laisser aller à la colère, à la peur ou aux frustrations est beaucoup plus facile et la bd explore intelligemment cette facilité qui nous caractérise tous. D’ailleurs, ce glossaire a d’intelligent une chose. Il traduit de manière simple – à la manière d’un enfant – les soucis et tracas bien complexes de l’adulte. Une occasion pour nous de se rappeler l’enfant que nous étions et peut-être de mieux percevoir ce qui nous hante.

Car c’est en cela que cette bd fait mouche. Toutes ces névroses que nous n’avons pas réglées avec le passé, toute cette colère que nous avons envers le monde, toute cette tristesse que l’on ne contrôle pas face à la mort de nos proches. Tous ces maux qui continuent de nous hanter adulte sont le fruit de cette enfance mal digérée. Alors cette bd devient un exutoire, une réponse à de nombreuses questions que l’on se pose. Elle ne se contente pas de nous dire « il y a les forces du Bien et les forces du Mal ». Non. Elle sonne vrai. Elle parle de nous, de notre grisaille. Elle accuse. Elle nous met face à notre réalité et à travers ce petit « Billy », nous nous revoyons enfant face à nos démons. Le moment étant venu de régler tout ça.

Pour tous ceux qui broient du noir, procurez-vous cette merveille et affrontez de manière amusante et intelligente vos peurs pour trouver le bonheur !

Titre : Billy Brouillard – tome 1 - le don de trouble vue

Scénario et dessins : Guillaume Bianco

Editeur : Soleil

Collection : Métamorphose

Nbre de pages:144

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