Après

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Cela faisait un petit moment que je n’avais pas ouvert un roman de Stephen King. Il fait partie de ces auteurs, à l’instar de Michael Connelly, dont j’achète les romans parfois sans les lire tout de suite. C’est le cas ici. J’avais pas mal de lectures à rattraper, et puis, je dois dire (et là j’entends déjà les hauts cris de protestation) que les derniers romans de l’auteur ne m’ont guère enthousiasmé comme avant. Après un début très prometteur digne des meilleurs, L’outsider a freiné mon bonheur avec l’arrivée du personnage de Holly. Impression confirmée avec la nouvelle Si ça saigne (Bon sang, n’y a-t-il que moi pour ne pas m’extasier devant ce personnage qui résout une énigme en trois coups de cuillères à pot, avec des éclairs de génie issus du deus ex machina ?). L’institut, même s’il sentait par moment le déjà-vu, était cependant un cran au dessus, avec pour une fois chez King des personnages moins lisses et plus antipathiques que d’habitude. En dehors du Téléphone de M. Harrigan, fable assez émouvante, le recueil de nouvelles ne m’a pas convaincu non plus, et je n’ai pas pour le moment réussi à ingurgiter l’énorme pavé qu’est Sleeping Beauties.

Je reviens donc à mes premières amours avec Après. Un roman plutôt court selon les critères kingiens, puisqu’il fait 320 et quelques pages. L’auteur nous raconte l’histoire d’un petit garçon, Jamie Conklin, qui vit avec sa mère Tia, un agent littéraire, toujours débordée par son travail. Un gamin presque comme les autres, s’il n’avait la faculté de voir les morts et de pouvoir converser quelques temps avec eux, jusqu’à ce qu’ils disparaissent pour de bon. Nul ne sait comment lui est venu ce pouvoir - finalement ce n’est pas le plus important - et Jamie va apprendre à vivre avec lui. Jusqu’au jour où la compagne de sa mère, une policière très borderline prénommée Liz, assistant à ce miracle, va se servir du gamin pour localiser une bombe placée par un criminel décédé peu avant son arrestation. A partir de là, tout va partir en vrille…

Si je devais comparer Après à certains romans de King, je le situerais dans la même veine que Joyland ou Revival. Il y a certes du fantastique, comme toujours chez King, mais peut-être plus soft, moins omniprésent que dans d’autres ouvrages, et surtout, sans horreur. Jamie parle aux morts de façon presque naturelle, il les voit s’effacer peu à peu, ce qui pose la question de la différence de traitement selon les défunts : pourquoi certains semblent disparaître très vite alors que d’autres, véritables moulins à parole, restent là à bavasser pendant plusieurs heures ? King ne l’explique pas vraiment. Là encore, ses personnages sont moins lisses, entre agent littéraire profiteuse et menteuse, flic junkie, homosexualité, inceste… Le meilleur moment selon moi est lorsque Jamie, confronté au poseur de bombes mort, s’aperçoit que celui-ci refuse de disparaître et au contraire menace de revenir pour le hanter. King en profite pour faire un lien avec une de ses œuvres majeures, Ça, en évoquant le rituel de Chüd, celui-là même qui permet à la bande des ratés de se débarrasser de l’encombrant Grippe-sou. Malheureusement, l’auteur ne pousse pas plus loin cette idée intéressante de hantise et préfère se pencher davantage sur la descente aux enfers de Liz Dutton (personnage réussi et crédible cela dit).

Après n’est donc pas un roman majeur de King, il se lit cependant avec une grande facilité en moins d’une journée, grâce à une écriture très fluide et une traduction en accord. J’aurais aimé que quelques idées soient davantage développées pour en faire un récit plus prenant, voire parfait comme sait en faire l’auteur.

 

Après par Stephen King, Albin Michel

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