Agency

Gibson l’insubmersible

Depuis la parution de Neuromancien en 1984, William Gibson est considéré comme une des grandes signatures de la littérature de science-fiction. On l’a retrouvé récemment avec Périphériques où il décrivait comment des humains issus d’un futur né d’une catastrophe climatique et dominé par des « mégamafieux » communiquaient avec des univers parallèles passés grâce à des serveurs informatiques. Ainsi naissent des lignes temporelles différentes. Périphériques ayant remporté un certain succès au point d’être adapté en série, Gibson a écrit une suite, Agency.

Mon amie Eunice

En 2017, Verity Jane, testeuse de logiciels, doit évaluer un assistant numérique basé sur une IA d’un tout nouveau genre dénommée Eunice. Cette IA ne ressemble à aucune autre et manifeste un visage, un passé fragmentaire et une maîtrise du combat hors normes tout en sachant infiltrer les réseaux. Consciente de la valeur et de l’unicité d’Eunice, Verity prend la fuite. Ses employeurs sont désormais prêts à tout pour la retrouver et mettre la main sur l’IA. Le seul espoir de Verity viendra d’un futur alternatif, celui entrevu dans Périphériques, où Netherton et sa patronne policière, Lowbeer, décident de l’aider, ce qui permettra peut-être dans son univers de retarder la catastrophe dont leur monde est issu, le Jackpot.

Un auteur fidèle à ses obsessions

On retrouve ici beaucoup de thèmes qui sont chers à Gibson : les IA et leur accès à la conscience, les multinationales (autrefois les « corporations »), etc. Tout l’intérêt de Périphériques résidait dans ce lien entre deux lignes temporelles, ce dialogue entre des humains séparés par le temps mais reliés par des ordinateurs. On retrouve tout ça ici. L’ensemble souffre cependant d’un abus de dialogues qui ralentissent l’action. Restent un souffle et une vision qui ne laissent pas indifférent.

William Gibson, Agency, traduit de l’anglais par Laurent Queyssi, Au diable Vauvert, février 2021, ISBN 9791030704099, 480 pages, 23€