Filet d'Indra (Le)

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Un satellite nord-américain a détecté un objet profondément enfoui sous le plateau laurentien au Canada. Il s’agit d’une géode parfaite de deux kilomètres de diamètre qui plonge les scientifiques dans la perplexité. Et ce mystérieux artefact a au moins deux milliards d’années...


Dans la demeure céleste du dieu Indra, il est un filet merveilleux, tendu par un artisan ingénieux de sorte qu’il s’étend à l’infini dans toutes les dimensions. Pour satisfaire les goûts extravagants des dieux, l’artisan a fixé un joyau étincelant à chaque nœud du filet, et puisque celui-ci est infini, le nombre des joyaux l’est tout autant. Ils brillent la nuit comme des étoiles lumineuses, offrant un prodigieux spectacle ; à leur surface polie se reflètent tous les autres joyaux du filet, infinis en nombre. De surcroît, chacun des joyaux reflétés reflète à son tour les autres joyaux. Le filet tout entier est représenté en chacun des joyaux, tout comme chaque objet dans le monde n ’est pas seulement lui-même parce qu’il inclut tous les autres objets et qu’en fait il est tous les autres.

Je n’avais jamais entendu parler de Juan Miguel Aguilera, qui a pourtant un nombre de livres publiés par le Diable Vauvert non négligeable au compteur. Je le découvre avec un roman au sujet qui semble être fait pour moi : un artefact étrange (dont la nature m’a énormément plu) permet de voyager et de découvrir certaines choses. Je n’en dis pas plus, si ce n’est que ce livre est clairement divisé en deux parties, la première autour de la découverte et de l’analyse de cet artefact aux effets étonnants, la seconde autour de l’exploration de l’endroit (je ne précise pas où, quand ou comment) auquel cet artefact permet d’accéder. Et autant j’ai adoré la première partie, autant je n’ai pas été convaincue par la seconde.

Juan Miguel Aguilera part d’un principe à la Wilson pour développer son histoire : on va s’intéresser à la composante humaine plus qu’à celle science-fictionnesque. Mais en s’embourbant aussi dans ce qui devient alors le principal défaut du même auteur : il en oublie parfois d’explorer l’univers incroyable et appétissant qu’il a créé. Dans la première partie de son roman, pourtant, l’auteur va à fond dans son sujet et ose le plus improbable, pour notre (ou en tout cas mon) plus grand plaisir. C’en devient exaltant et vertigineux, de ces livres qui nous ouvrent des univers de possibles incroyables et qui nous mettent des étoiles plein les yeux. Puis arrive le « voyage », et la découverte d’un nouveau monde. Et là, tout le mystère qui entoure les personnages principaux s’estompe derrière des considérations mi-thriller mi-ésotériques qui ne m’ont pas réellement convaincue. Il y a de belles idées derrière, mais elles ne sont qu’effleurées. Juan Miguel Aguilera semble avoir laissé derrière lui l’audace dont il a su faire preuve dans la première partie, et c’est bien dommage.

Maintenant, je pourrais me tromper, mais je me demande si ce n’est pas parce que ce roman n’est que le premier tome d’une trilogie ou assimilé. Rien ne l’indique dans l’édition de ce livre, et je n’ai trouvé aucune information allant dans ce sens sur internet (bon, je n’ai pas cherché longtemps non plus), mais la fin est tellement ouverte et abrupte que je n’arrive pas à considérer cette histoire comme terminée. Dès lors, elle appelle une suite impérativement, suite qui permettra peut-être d’étoffer ce qui n’a été qu’esquissé ici.

A noter que l’intérêt de ce roman réside plus dans son histoire que dans son écriture, celle-ci étant plus qu’honnête mais ne m’ayant pas particulièrement marquée. Par contre, j’ai été amusée par le nombre important de références directes ou indirectes à l’univers SFesque/sériesque que l’auteur s’amuse à glisser par le biais de Neko, un geek parfait s’amusant à porter des T-shirts avec des citations de Blade Runner (I’ve seen thing you people wouldn’t believe) ou de Gattaca (You want to know how I did it ? This is how I did it, Anton : I never saved anything for the swim back).

Après le roman, nous avons droit à Tout ce qu’un homme peut imaginer, une nouvelle liée indirectement à l’univers qui vient de nous être présenté, mettant en scène un Jules Verne désabusé qui va découvrir la réalité sur la nature de notre univers. Elle est sympathique mais anecdotique.

Au final, Le filet d’Indra est un livre qui m’a emballée dans sa première partie et moins convaincue dans sa seconde. C’est une histoire qui n’est pas dénuée d’intérêt mais qui se concentre trop sur des détails au lieu d’explorer l’univers incroyable créé par l’auteur. A découvrir, mais en sachant à quoi s’attendre.

Le filet d’Indra de Juan Miguel Aguilera, traduction de Christophe Jossé, Illustration de Yoz, L’Atalante, coll. La Dentelle du Cygne, 384 pages

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