Pressentiments

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1911, un jeune couple connaît des difficultés mais à cette époque, on ne parle pas de sa sexualité, d’autant plus si on est mariée au révérend Canning.

2011, on découvre un corps extrêmement bien conservé. Un poilu de la guerre 1914-1918 qui a gardé contre lui une série de lettres signées H. Canning.

1911, Cat est engagée comme bonne à la sortie de prison. Ce n’est pas une meurtrière, juste une militante pour le droit de vote des femmes qui s’est retrouvée en prison pour trouble de l’ordre public. Elle part travailler chez un révérend et sa jeune épouse.

2011, Leah, appelée par son ex sur le lieu de fouilles, décide de percer le mystère du soldat inconnu et met ses capacités de journaliste au service de l’enquête.

1911, un prétendu théosophe, Robin Durrant, envahit la demeure du pasteur et le fait vivre l’aventure des élémentaux, des petits êtres des prairies, sorte d’elfes, de lutins.

2011, Leah rencontre un homme mystérieux, tout juste sorti d’un mauvais procès, dans la maison qui fut celle du révérend, 100 ans plus tôt.

Le fantastique est ici surtout cette mystification dont est victime le révérend Canning. Un vrai escroc, Robin Durrant, lui monte un beau bobard pour vivre à ses crochets. Durrant n’hésite pas à abuser de tout le monde, de Hester, l’épouse du révérend, à Cat, la bonne.
Mais la force du roman se base sur deux choses : l’alternance de la ligne du temps (nous passons de 1911 à 2011) et surtout l’usage de la conjugaison.

Surprenante approche que l’auteur a choisie : le récit se passant en 1911 est au présent et donne un rythme soutenu à une histoire en soit digne des rubriques de chiens écrasés. Ce présent de l’indicatif ajoute une impression de vitesse à une époque où tout se passe bien plus lentement (pas ou peu de voiture, on se déplace à pied, pas d’électroménager…). Par contre, en 2011, tout le récit est au passé et donne comme une impression de ralenti à l’ensemble.

La contradiction entre les deux récits et leur « temps » fait toute la dynamique et rend la lecture à la fois sereine et cadencée.

Second livre de Katherine Webb, née en 1977, voilà une histoire qu’on lit avec plaisir, assise dans une chaise longue, sous un arbre, dans un jardin anglais avec une limonade à portée de main, au son des cigales.

Pressentiments par Katherine Webb, traduit par Isabelle Caron, illustré par Rob Lambert, Belfon

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