Vers un autre monde, Anienda T1

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Illustrateur / Dessinateur: 

J’ai redécouvert il y a peu le roman Anienda dans sa nouvelle édition, chez Rebelle. Je tiens donc à redonner mon avis sur ce roman retravaillé, qui offre un second souffle à l’histoire et aux personnages qui m’étaient encore familiers. Je souligne d’ailleurs le travail de l’illustratrice, Yenka, qui nous offre une couverture attrayante et démonstrative du monde d’Anienda.

 

Elwyn, un jeune garçon, découvre l’entrée d’un autre monde, peuplé de créatures de toutes sortes qui se révèleront tantôt amies, tantôt ennemies.

Plongés au cœur des légendes qui peuplaient ses rêves d’enfant, Elwyn s’engage dans une quête périlleuse, dont nul n’est assuré de revenir indemne.

Des morts, une guerre qui se prépare à déchirer le monde et l’ennemi qui chaque jour se rapproche de son but ultime.

Mais qui est cet ennemi ?

 

Anienda est un écrit que je recommande particulièrement aux jeunes lecteurs, à la recherche d’un roman aéré et fluide, sans fioritures. L’écriture est composée de phrases courtes au vocabulaire simple et les descriptions sont un point fort du récit. En effet, Elwyn se rend dans un nouveau monde, où les créatures étranges se mêlent à un décor totalement nouveau et inconnu. Alexandra Streel nous illustre cet autre monde avec finesse, intégrant son lecteur à son imaginaire. Chaque nouveau paysage est décrit par les yeux de son personnage principal, émerveillé, et nous transmet ce sentiment. J’ai retrouvé une envie de sensibiliser le lecteur aux plaisirs que peut procurer une simple balade en forêt et aux beautés que nous offre la Nature, trop souvent sous-estimées. Elwyn découvre cet univers en même temps que son lecteur et se voit souvent confronté aux quatre éléments : la Terre, le Feu, le Vent et l’Eau. La Nature peut être d’un grand soutien, parfois, et son contraire.

Nous pouvons également retrouver au cours du récit diverses légendes, contées par différents personnages. Si les premières ne m’ont pas réellement transportées, car elles restaient un peu floues, la lecture de l’une d’entre elle m’a particulièrement marquée. Elle était apportée dans le récit avec naturel et sa découverture fut belle, tout simplement. Naïve, pure, elle n’était pas particulièrement importante pour le récit mais offrait au lecteur une occasion de découvrir l’Histoire, de donner un peu de profondeur à une espèce rencontrée.

 

J’ai découvert un vrai potentiel derrière ces narrations descriptives et légendées.

 

Elwyn a quinze ans, dans ce premier tome. Ce qui m’a d’abord marquée, c’était la maturité dont il faisait preuve. Une maturité qui ne le quitte pas, tout au long de l’intrigue. Et qui, parfois, était peut-être trop poussée. Cependant, la naïveté retrouvée lorsqu’Elwyn échangeait avec d’autres protagonistes collait davantage à l’image d’un garçon de cet âge. Mais pour comprendre pourquoi il était si naïf, j’ai tenté de penser le récit de manière globale ; en fait, cette naïveté parfois dérangeante, d’autres fois plus naturelle, parsème le roman.

 

Cette naïveté retrouvée tout au long du roman ainsi que certains facilités lors d’embuches rencontrées au sein de l’intrigue ont pour moi été le point le plus négatif lors de ma lecture. Pour développer, je n’ai pas retrouvé de méfiance, ou très peu, lors des rencontres entre les acteurs du récit. Dès le départ, on découvre des personnages naturellement gentils et serviables envers Elwyn. Il a pu, tout au long de l’aventure, trouvé refuge, aide, comme s’il était veillé par un ange gardien. Même si l’auteure a eu l’intention d’amener quelques retournements de situation et des questionnements, ils n’étaient, pour moi, pas assez aboutis. L’intrigue de départ était assez répétitive et plutôt lente, et lorsque Elwyn rencontrait un personnage nouveau, je savais qu’il trouverait de l’aide et une solution pour surmonter les obstacles. Ou, s’il lui arrivait de se frotter à un caractère à l’allure plus sombre, le moment était court. Cela a été un frein à ma lecture et c’est en cela que je parle de lenteur, car je connaissais d’avance l’aboutissant. J’aurais aimé que certains défauts humains tels que l’avarice, la jalousie ou encore l’égoïsme soient présents et développés. Cela aurait pimenté le récit.

C’est également pour ce point que je ne recommande pas Anienda aux adolescents en quête d’une intrigue plus recherchée et de personnages approfondis, mais bien à de jeunes lecteurs qui veulent plutôt une lecture simple et agréable, relevant plus de la découverte d’un nouveau monde et de la bonté humaine que de suspense et aventures épiques.

 

Dans la deuxième partie, cependant, d’autres protagonistes se mêlent à l’histoire et nous nous questionnons plus facilement quant à la tournure de celle-ci : mais, qui est du bon côté ? Que va-t-il se passer ? Alexandra Streel répond partiellement à ces questions au fur et à mesure de l’aventure, bien que certaines précisions manquaient. Précisions que j’espère retrouver dans la suite et qui donneront à l’histoire un peu plus de cette profondeur recherchée.

 

Pour finir, on entre au sein d’un monde inconnu peuplé de créatures nouvelles, comme cité plus haut. J’ai aimé retrouver la patte de l’auteure lorsqu’elle nous présentait des créatures connues, mais revisitées à sa manière. L’elve, par exemple, en référence à l’elfe. Anienda possède également son propre vocabulaire, en termes d’objets aux propriétés magiques entre autres. Le lecteur découvre donc une ambiance nouvelle et le monde d’Anienda sera, j’espère, plus développé lors de la suite. J’aimerais savoir quelles sont les propriétés des créatures rencontrées, en quoi elles peuvent attiser les aventures des protagonistes ou, au contraire, les freiner. Quelles sont les difficultés du monde d’Anienda où, pour moi, tout semblait si facile ?

 

En résumé, Anienda a été une découverte plutôt positive. L’écrit mériterait plus d’approfondissement au niveau des personnages et une intrigue un peu plus punchy, mais se démarque par ses descriptions et la bonté qui émane des mots écrits sur les pages. On sent un réel potentiel, qui pose question ! Qu’est-ce que l’auteure nous réserve pour la suite ? L’écrit semble évoluer au fur et à mesure et attise ainsi ma curiosité. Les jeunes lecteurs devraient apprécier cette découverte sans embuches, s’ils recherchent plus un moment de détente que de palpitations.

 

Anienda T1 : Vers un autre monde par Alexandra Streel, couverture par Yenka, Rebelle éditions, avril 2019, 206 pages, 978-2-36538-821-4, 13,90€

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