Une année de lecture ! Partie 2

Août

L’été, c’est aussi le moment des plaisirs coupables, non ? En littérature, j’avoue, les romans d’action un peu bourrins, avec des héros en téflon, capables de se prendre une bombe de 50 mégatonnes sur le coin de la figure, sans cligner de l’œil, c’est un peu ma came. C’est souvent ridicule. C’est régulièrement improbable. Mais c’est toujours écrit avec un sens du rythme qui vous oblige à tourner les pages pour savoir… Savoir, non pas si le héros s’en sortira, cela, c’est garanti sur facture, mais comment il s’en sortira. Un spécialiste du genre ? Lee Child, avec la série des Jack Reacher, adapté maintenant, avec un succès tout relatif, avec Tom Cruise dans le rôle principal. Cet été, j’ai donc lu Never Go Back, une aventure tendue comme un élastique de string, dont la scène d’ouverture, concentre, à elle seule, tout le talent de Child. Dans la même veine, l’été s’est poursuivi avec le déjà cité Scott Mariani et son Star of Africa, Clive Cussler et Ghost Ship, ou encore Patrick Lee, avec Runner. De l’inédit en français, mais de la bonne came, je peux le certifier. Pour les amateurs s’entend. Autre auteur que j’apprécie pour la diversité de son travail, Chuck Wendig. Auteur de BD, entré dans la galaxie Star Wars avec une trilogie intitulée Aftermath, qui se déroule entre Le retour du Jedi et Le réveil de la Force, il a déboulé cet été, toujours en anglais, avec Invasive, une variation sur le thème de Jurrasic Parc avec… des fourmis ! Un véritable roller-coaster, qui trouvera sans doute un éditeur français tant le rythme, les dialogues, les situations, sont à même de séduire un très très large public. Enfin, que serait l’été sans un petit mais délicieux San Antonio. On y revient toujours à l’art du Dard. Emballage cadeau, une aventure typique des années soixante, avec jeune héritière en détresse, vilains au faciès basanés et saillies d’un Béru toujours au garde-à-vous !

 

Septembre

C’est la rentrée ! Je reprends une louche de phénomène internet avec Amélie Antoine et son Fidèle au poste, repéré par un éditeur « classique » et lancée dans la stratosphère des best-sellers. Comme c’est le cas pour Arnaud Codeville, Amélie Antoine prend bien soin de ne pas s’éloigner de l’univers balisé par une certaine littérature inoffensive. Mais franchement, j’aime bien. Sans doute parce qu’il est plus facile de tricoter un « suspense » télévisuel qu’un vrai livre de terreur. La peur, la terreur sont affaire de transgression dans mes petits carnets. C’est moins le cas du thriller.

Damien Snyers, lui, n’a pas peur de transgresser et de jouer avec les codes… de la fantasy cette fois. Avec La stratégie des as, cet auteur belge parvient à me réconcilier avec la light fantasy. Ces univers que je pensais perdus à jamais dans la guimauve et les licornes qui chient des arc-en-ciel pour leur propriétaire émos à longs cheveux noirs, retrouve de la couleur, du mordant et surtout une bonne dose d’humour ! Merci ! Et : encore !

Rentrée… Et retour polémique (en quelque sorte…) pour Harry Potter. On peut comprendre l’intérêt commercial de publier le texte d’une pièce de théâtre avec le nom de J.K. Rowling tout en haut de la couverture… Le souci ? Lire un texte de théâtre, cela demande de connaître les clés de ce genre de document. Une partie des lecteurs d’Harry Potter confond le script avec un nouveau roman, une autre partie ne comprend pas pourquoi « Il y a autant de dialogues », d’autres encore ont toutes les difficultés du monde à « imaginer » l’inimaginable. Pour ma part, j’ai passé un bon moment… Sans plus. Cela m’a surtout donné l’envie de découvrir comment les réalisateurs de l’ensemble s’en sont sorti pour accomplir tous les « prodiges magiques » contenus dans le script. Et tout cela en direct !

 

Octobre

Un mois de lecture en demi-teinte. Je découvre Miss Peregrine et les enfants particuliers, de Ransom Riggs, après avoir eu vent de l’adaptation de Tim Burton. Un roman de « monstres gentils », une réflexion intéressante sur la différence et une écriture fluide. Je suis moins convaincu par un Lawrence Block, paru dans la « Série Noire », Le voleur qui comptait les cuillères. L’histoire est arachnéenne et semble se dérouler au fil des réflexions de l’auteur sur le temps qui passe et le monde qui tourne à l’envers. Ingrid Dejours et ses Fauves étaient sur ma pile de lecture depuis un certain temps. Efficace, porté par un sujet particulièrement d’actualités (l’extrémisme…), le roman me captivera davantage qu’un second ouvrage de la même auteure, À  travers les yeux d’une poupée, qui s’avère plus classique et moins contrôlé dans son écriture. Une autre déception pointe le bout de son nez : Try not to Beathe de Holly Seddon. Placardé sur tous les murs de Londres en été, la couverture du roman avait fini par attirer mon regard. À  tort. Histoire convenue, moments tire-larmes, écriture ultra codifiée, personnages bateaux et surtout une « surprise » que le moins attentif des lecteurs dénichera après cent pages… N’est pas Mo Hayder qui veut. Je termine le mois avec une sucrerie, Son parfum, de Jacques Mercier. Une praline, écrite avec soin (comme tout ce que fait Mr Dictionnaire), qui permet, pendant quelques dizaines de pages, de s’éloigner des tumultes de la réalité.

 

Novembre

Sophie Hannah a repris le flambeau des aventures d’Hercule Poirot avec talent dans The Monogram Murders. La voilà de retour avec The Open Casket, un joli huis clos à la manière d’Agatha Christie. À  la manière de… mais pas en mode pastiche pour autant. Hannah a de l’expérience et cela se lit. On a beau se gratter la cervelle, une fois le mystère résolu par Poirot et ses petites cellules grises, on se dit : « Mais bordel, évidemment… ». Il suffisait d’y penser. L’élégance, la simplicité, ce sont aussi les atouts de Barbara Abel. Point d’assassin en série, ou d’énigme retorse dans Je sais pas, mais un thriller noir, rondement mené, où les anges prennent des allures de démons. Seul regret ? Une tendance à vouloir tout résoudre, qui flirte parfois avec l’improbable. Mais c’est le jeu… Et lorsque la maîtresse des lieux est aussi douée que Barbara… On se laisse prendre au… jeu ! Excellent meneur d’intrigue, Paul Colize l’est aussi. La réédition d’Un parfum d’amertume permet de le vérifier à nouveau. Humour noir, personnage dépassé par les événements, galerie de portraits savoureux, que demander de plus à un roman ?

 

Décembre

Un auteur belge. Qui écrit en flamand. Dont le succès francophone a dû se forger avec l’aide d’un éditeur… français ! Pieter Aspe incarne à merveille le surréalisme à la belge, où une frontière linguistique s’avère plus imperméable qu’un ciré de pécheur ostendais ! Bas les masques, la nouvelle aventure du commissaire Van In est donc publiée chez Albin Michel. C’est une fois de plus une petite perle d’intrigue, d’humour et de situations typiquement « belges ». À  savourer avec quelques crevettes et une Duvel !

 

Puisqu’il faut un petit hit-parade… Je reprends ici mes « coups de cœur » de l’année, sans ordre particulier, ni langue particulière. J’ai exclu les romans les plus « anciens », pour ne garder que les nouveautés.

- Invasive, de Chuck Wendig

- Elvis Cadillac, de Nadine Monfils

- La fille de Brooklyn, de Guillaume Musso

- Le coma des mortels, de Maxime Chattam

- Lever de Rideau sur Terezin, de Christophe Lambert

- Elephant Island, de Luc Baba

- Comme des chiens, de Patrick Delperdange

- Surtension, d’Olivier Norek

- La stratégie des as, de Damien Snyers

Une mention toute particulière pour les deux romans des deux Phil(l)ip(pe), consacrés à Marilyn

Marilyn X et Manhattan Marilyn.

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