Critiques

En se promenant dans les Cévennes, Lewis Trondheim est tombé sur une bd extra-terrestre. A l’intérieur, s’agitent toutes sortes de créatures extraordinaires, vivant des histoires encore plus… extraordinaires. Une sorte de gros poussin jaune à queue de dinosaure se trimballe avec un chien à la bouche en chewing gum. Ce dernier se crève les yeux sur un arbre à pics. Que faire ? Comment l’aider ? Pire ! un monstre à grosse tête et gros yeux voit son ami, un monstre peluche aux oreilles noires et pointues, dévoré par des créatures à grande langue.

Sur Terre, Joe Fernwright, héros du livre, passe son temps à chercher des jeux de mots dans les titres des journaux ou de films, en attendant que l’on fasse appel à lui puisqu’il exerce le beau métier de guérisseur de poteries. Ces temps-ci, le travail se fait rare et il s’ennuie au point de remettre toute sa vie en cause. Sa vie personnelle est désastreuse et il ne peut s’empêcher de demander de l’aide à son ex-femme.

En 1993, lors d’un forage dans le pacifique, les ouvriers percent un machélodon (grotte sous-marine) et libèrent un monstre. La découverte est étouffée par la CARTHAGO, société exploitante du site et dirigée par un certain Snyder. De nos jours, une organisation écologique (l’ADOME) a eu vent de la découverte et engage deux océanologues, Kim et Martin, pour obtenir des preuves de l’existence du megalodon : un requin préhistorique de plus de 20 mètres vivant au miocène. Kim est accompagnée de sa fille Lou qui semble avoir des capacités hors normes.

Si la grande majorité des romanciers, d’hier ou d’aujourd’hui, officie clairement sous l’influence d’Apolon, privilégiant les forces de l’ordre sur celles du chaos, ce n’est certainement pas le cas de Serge Brussolo. L’ensemble de son œuvre, on ne peut plus boulimique, est placée sous le signe de Dionysos, le Dieu de l’excès et de l’ivresse. Boursouflures, dérèglements, mutations et chaos l’emportent de loin sous sa plume sur toute espèce de contenance, de modération bienséante. La majorité des auteurs écrivent avec leur « moi », voire avec leur « surmoi ».

La fille en rouge Sans mobile apparent

Une nuit en enfer Mutation L’action se déroule dans un trou paumé, au fin fond du Texas. Dans une base militaire secrète, les choses tournent mal et un dangereux virus est malencontreusement libéré à l’air libre. Peu de temps après, dans l’hôpital le plus proche, William et Dakota Block, un couple de médecins obnubilés par leurs problèmes conjugaux, constate que leurs patients semblent soudain quasiment tous frappés par la gangrène.

Haruki Murakami est le plus singulier des écrivains japonais. Essentiellement, parce qu’il est libre et épris de liberté. Il suffit pour le comprendre de considérer ses influences littéraires : Raymond Chandler, Kurt Vonnegut, Richard Brautigan, les auteurs les plus affranchis qui soient de toute la littérature américaine, des créateurs qui ont ouvert la voie à de nouveaux genres. Murakami révère ces auteurs, tout en leur reconnaissant une certaine facilité : ils ont développé leur style dans un espace culturel, les Etats-Unis, qui accepte les choix personnels, voire qui les promeut.

Qui es-tu Luca ? Qui sont ces fils de la Louve qui t’obligent à remonter le temps et à intervenir dans la Rome ancienne ? Tu feras la connaissance de Jules César. Tu t’opposeras à ceux qui veulent l’assassiner. Puis tu conseilleras Néron dans la construction de son grand palais. Même si l’empereur doit brûler Rome pour cela. Entraîné contre ta volonté entre le présent et le passé de Rome, tu chercheras à faire le lien entre ceux qui te manipulent et le sang qui coule dans tes veines. Mais alors que tu t’en approches, pourquoi faut-il que tu reviennes du passé ?

Chaque fois que je sors de la lecture d’un Pierre Bordage, je me sens plus forte en résistance subversive. Plus forte en humanité. Là, dans Porteurs d’âmes, il utilise la trame narrative du polar, de la science-fiction et du récit psychologique. Les livres de Pierre Bordage ne sont pas seulement des livres, ils sont des engagements. Je n’imagine pas qu’on puisse lire un livre de cet auteur sans s’impliquer.