Star Trek Into Darkness

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Deuxième opus pour J.J. Abrams et la nouvelle équipe de l’Enterprise. On retrouve ici des personnages de l’univers Star Trek, dans des rôles parfois plus extrêmes que dans la série ou les films. Les personnages prennent de la profondeur. Kirk et Spock sont les premiers à en bénéficier. Uhura et Scotty également. Par contre, McCoy, Tchekov et Sulu restent cantonnés dans un rôle de second plan. On retrouve le docteur Marcus ainsi que l’abominable Khan, ici bien plus dangereux que dans le deuxième film du cycle ou dans la série Enterprise.

Le film est fidèle à l’esprit du film précédent, mais reste en profond décalage par rapport aux séries et aux dix films qui précèdent ceux du réalisateur. En tant que trekkie, je ne suis pas favorable à cette ligne de temps. La destruction de Vulcain ne passe pas, ni un Kirk qui préfère se battre plutôt que réfléchir. Ceci dit, c’est de la science-fiction qui se regarde avec plaisir.


Dès le départ, on assiste à la confrontation entre Kirk et Spock. L’un ne soutient pas l’autre et reste une tête brulée, et l’autre se cantonne au règlement de Starfleet. Kirk reste une grande gueule et c’est l’amiral Pike qui doit le remettre dans le droit chemin. Un nouveau terroriste fait son apparition. Un terrien du nom de John Harrisson tente de tuer les officiers généraux de Starfleet. Après avoir échoué grâce à Kirk, il fuit vers Kronos la planète des Klingons. L’amiral Marcus autorise Kirk et son équipage à traquer Harrisson. L’Enterprise reçoit 72 nouvelles torpilles et un nouvel officier scientifique s’ajoute à l’équipage. Spock va rapidement se rendre compte qu’il s’agit du docteur Marcus, qui n’est autre que la fille de l’amiral Marcus.

Jusque là, on a une histoire qui tient parfaitement la route. Par contre, lorsqu’on découvre que Harrison est en fait Khan, on bascule dans un autre scénario. Les 72 torpilles trouvent aussi leur justification car elles abritent 75 surdoués en hibernation. Kirk capture Khan, puis s’allie à lui pour empêcher l’amiral Marcus de mettre son plan en exécution : déclarer la guerre aux Klingons. Ce genre de retournement de situation est peu plausible dans le monde normal de Star Trek, mais dans cette ligne de temps alternative, tout est permis. L’Enterprise doit faire face à un vaisseau de la Fédération beaucoup plus puissant, commandé par l’amiral Marcus. Et lorsque presque tout est perdu pour l’Enterprise, Kirk se sacrifie en restaurant l’énergie du vaisseau. Étrange scène tout droit sortie de La colère de Khan où c’était Spock qui se sacrifiait. Ici ce sera Kirk. À ce moment précis du film, on se dit que le troisième film devra s’appeler A la recherche de Kirk ! Mais non, car les scénaristes ont décidé de sauver Kirk en transfusant le sang de Khan.


Un film qui se termine par un crash, mais pas pour le vaisseau auquel on pense. Reste un Star Trek avec beaucoup trop d’actions et pas assez de réflexion. Cela reste le problème majeur de cette nouvelle version de Star Trek. Jim Kirk semble être le champion de la castagne, plutôt que d’être un bluffeur né. Les scènes d’actions et les explosions font oublier que tout tourne autour du vaisseau Enterprise. Le vaisseau apparait toujours furtivement dans les scènes spatiales. Le mode distorsion donne l’impression que l’Enterprise voyage dans un vortex similaire à ceux de Stargate. Rien à voir avec les séries qui montraient les étoiles qui défilaient. S’il faut choisir, les séries et les dix premiers films font mieux que les deux derniers films dans la partie spatiale. Ce que le spectateur veut, c’est voir le capitaine Kirk et son équipage, mais c’est surtout voir l’Enterprise dans l’espace. Et là, le réalisateur a complètement oublié ce détail.

Le film est intéressant. On ne s’ennuie pas un seul instant. Le problème, c’est que deux heures d’action, c’est de trop. On aurait pu appeler ce film La colère de Khan, car on retrouve les mêmes personnages que dans le film du même nom. Le Khan de ce film est beaucoup plus dangereux. Petit détail, le vieux Spock (Leonard Nimoy) intervient aussi dans cette histoire. Sa communication avec son homologue dans cette ligne de temps parallèle, indique qu’il s’agit bien d’un univers modifié. Reste un bon moment, une bonne histoire. Le réalisateur se la joue James Bond. Si on continue dans cette voie-là, le prochain James Bond… pardon, Star Trek, s’appellerait peut-être Moonraker.

À noter que Chris Pine et Zachary Quinto sont très bien dans leur rôle de James T. Kirk et de Spock, tout comme Zoë Saldana (Avatar) qui joue Uhura. On est content de retrouver Bruce Greenwood en amiral Pike. Mais ce sont les mauvais personnages qui captivent le spectateur. L’amiral Marcus est interprété par Peter Weller (Robocop) et Khan Noonien Singh est interprété par l’excellent Benedict Cumberbatch (Sherlock).

Bon, ne boudons pas notre plaisir de voir sur grand écran un Star Trek, mais il vaut mieux ne pas se baser sur ce qui a été tourné depuis quatre décennies.

Star Trek into Darkness, de J.J. Abrams, 2013, 132 minutes



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