Solaris n° 204

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Après un petit hommage à Brian Aldiss, grand parmi les grands, décédé le 19 août 2017, le numéro se centre sur... l’opéra.

 

Pilier de Solaris, Mario Tessier nous offre, avec Nous chanterons la singularité à venir, la critique d’un opéra imaginaire, un « pasticcio », soit un opéra assemblé à partir d’œuvres du passé. Mary et Franckie est ainsi composé de baroque au premier acte, de bel canto au deuxième et de contemporain au dernier (Glass, Reich, Nyman). La nouvelle s’articule comme une critique de la création mondiale de l’ouvrage, extraits musicaux à l’appui. Apparition de Faust, hologramme de Placido Domingo, création du monstre de Frankenstein (contreténor), rôles importants dévolus à MacGyver et à Mary Shelley : délire lyrico-conjectural qui ne pourra que réjouir les amateurs des deux genres (j’en connais). Et Mario Tessier ne s’arrêtera pas là. Dans un petit essai, intitulé Les chants de la science-fiction lointaine, il recense les opéras inspirés de thèmes science-fictionnels en démarrant de Il mondo della Luna de Josef Haydn (1777). L’on passera alors à Offenbach, Janacek, Poulenc ou Blomdahl, puis à l’opéra contemporain de Glass et Adams, sans oublier le corpus de Michael Tippett, le 1984 de Lorin Maazal, ou le gigantesque Licht de Stockhausen. Tessier, qui néglige Le fou de Marcel Landowski, cite aussi de nombreux opéras américains et canadiens moins connus chez nous. L’article est passionnant.

 

Quant aux nouvelles, elles sont au nombre de cinq, dont j’en retiendrai deux.

Jean-Louis Trudel ne déçoit jamais. Les cadeaux de Prométhée conte de manière plaisante la visite de deux extraterrestres à Alexandrie lors d’une visite de l’empereur Hadrien. Ils y rencontreront Ptolémée et parleront... science. Frédéric Parrot, né en 1980, livre une nouvelle étrange, sombre et magnifique : La cage de l’amour égoïste. Un simple employé pénètre dans le « dark web » suite à une question apparue sur son écran : « Cherches-tu l’amour profond ? ». Ce sera le début d’une spirale infernale, qui l’amènera dans un lieu terrifiant, la Cage, peuplé d’« Autres », soumis à d’horribles tortures. Comment sortir de l’enfer des Autres ? Brillant, et très bien écrit.

 

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