SeaQuest DSV/Seasquest 32


C’est à grand renfort de publicité que la chaîne NBC annonce, pour la rentrée 1983, une ambitieuse série d’aventures et de science-fiction produite par le « wonder boy » d’Hollywood en personne : Steven Spielberg. En réalité, Seaquest DSV (Seaquest police des mers sous nos latitudes francophones) est un concept imaginé par Rockne S. O’Bannon qui intéresse le réalisateur des Aventuriers de l’Arche perdue. Il accepte donc un poste de producteur exécutif sur la série, davantage pour y apporter sa caution qu’un réel poids artistique. Reste que, pour le grand public, une histoire qui se déroule sous l’eau, avec Roy « Chef Brody » Scheider dans le rôle principal, cela rappelle immédiatement Les dents de la mer. D’autant plus que les premières images, soigneusement choisies, dénotent d’une certaine qualité de mise en scène et d’un look particulier, presque documentaire dans la façon de présenter l’univers sous-marin.

Dommage que la suite s’avère au mieux divertissante... Au pire catastrophique... Et digne d’une série « Z » peuplée de crocodiles géants en caoutchouc.

Mais revenons aux prémices. Seaquest DSV se déroule en 2018, alors que les dernières ressources encore exploitables par l’homme se situent au fond des mers. Après une série de tensions internationales qui ont failli déboucher sur un nouveau conflit mondial, l’UEO, sorte d’ONU aquatique voit le jour. Nathan Bridger, scientifique et militaire, offre le Seaquest DSV, un sous-marin hyper sophistiqué, à la jeune institution, afin de surveiller les nombreuses colonies bâties sur les fonds marins.

Selon le schéma classique, l’équipage du Seaquest est composé de nouvelles recrues, de vieux briscards, d’un jeune surdoué et d’un dauphin, Darwin, capable, grâce une série de capteurs de haute technologie, de communiquer avec les humains.


Dans sa première saison, la série aborde des thématiques liées à l’environnement, la surexploitation des ressources, les dangers d’un capitalisme galopant, d’une science sans conscience... Tout en y mêlant les ressorts dramatiques habituels chers au public : relations amoureuses impossibles, tensions entre les aînés et les jeunes recrues, sacrifice d’un seul pour le bien du plus grand nombre, etc. Bref une version aqueuse de Star Trek, dotée certes de quelques séquences en images de synthèse étonnantes pour la télé de l’époque... mais qui braconne surtout sur des terres déjà bien visitées.

La seconde saison n’arrangera rien, puisque les producteurs, afin de tenter d’attirer un public rapidement parti voir ailleurs après les premiers épisodes, décident de rajeunir une partie du casting et de renforcer le côté science-fiction de l’ensemble... sans que les moyens suivent. Les scénarios flirtent avec le grand n’importe quoi et Roy Scheider commence à perdre patience. La vedette déclare même lors d’une interview : « J’ai l’impression de tourner dans un mauvais remix entre Star Trek et 21, Jump Street ! Les producteurs ont changé l’esprit même de la série ! C’est ridicule ».

Le public est d’accord avec lui puisque les chiffres d’audience plongent dans la fosse des Mariannes. Et pour ajouter l’incohérence au ridicule, certains épisodes sont diffusés dans un joyeux désordre chronologique et des personnages meurent puis ressuscitent sans aucune forme d’explication.


Au terme de cette deuxième saison, Scheider décide de quitter le sous-marin et c’est Michael Ironside, « gueule » incontournable du cinéma d’action qui reprend le gouvernail... après avoir négocié clairement les termes de son contrat : pas question pour lui de se coltiner des poulpes géants ou de tenir le crachoir avec un dauphin qui fait des castagnettes. Les scénarios reprennent pied dans la réalité, la série est rebaptisée Seaquest 2032 et se déroule dix ans après la fin de la saison 2.

Mais rien n’y fait et le navire est torpillé en pleine mer, après seulement 13 épisodes d’une saison 3 qui regagnait pourtant peu à peu les faveurs du public.

La preuve, peut-être, que même le nom d’un réalisateur prestigieux, la présence d’acteurs de renom et de clinquants effets spéciaux ne peuvent pas compenser les recettes trop convenues.

Seaquest

créée par Rockne S. O’Bannon

1993

57 épisodes, 3 saisons

avec : Michael Ironside, Jonathan Brandis, Don Franklin, Peter DeLuis, Edward Kerr, Michael DeLuis, Elise Neal

Sections: 
Type: