Prophétie des glaces (La)

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J’ai toujours bien aimé Bernard Simonay. Déjà, en 2004, je lui avais consacré une petite monographie dans la série, mythique actuellement, des ’Mini Phénix’. Son dernier roman, à l’époque, était La Terre des Morts, maillon ultime de son cycle des ’Enfants de l’Atlantide’. Dans lequel déjà il vitupérait et vilipendait le fanatisme religieux.

Cinq ans plus tard, voici un nouvel ouvrage, indépendant, et poursuivant le même objectif. Lara, jeune étudiante suédoise, est hantée par des rêves de continents détruits, de contrées désolées et d’appels au secours. Rodan Westwood, lui, à Seattle, voit toute sa famille horriblement assassinée par ce qui semble être une secte satanique. L’enquête sera vite clôturée et Rodan se réfugiera en France chez un ami de ses parents, Paul Flamel, en emportant un manuscrit mystérieux trouvé dans une chambre secrète de la demeure familiale, intitulé « Hedeen ». Le jeune Américain se verra doublement initié, d’abord aux joies du sexe par la famille Flamel, fort libre, puis aux mystères de ses origines, via des études sur la sorcellerie ou l’écriture des tablettes de Glozel. Qui est Rodan, exactement ? Medium aussi, comme Lara. Un voyage en Finlande lui fera rencontrer, en rêve, une sorcière de 1520, laquelle hante également les cauchemars de Lara... Le lecteur sent assez vite que Lara et Rodan sont faits pour se rencontrer. Rodan se méfie de la famille Flamel, se croyant manipulé. Lors de sa fugue, il sera contacté par Lara, laquelle est emprisonnée par de sombres ecclésiastiques, à la solde de cet ’Ensis Dei’ (non, vous n’avez pas pensé à l’Opus Dei) dont Flamel l’avait entretenu. Rodan parvient à la retrouver et les deux seront sauvés par Flamel des griffes de l’Ensis Dei. Suit enfin l’explication attendue. Flamel est un « Hosyrhien », descendant d’une très ancienne race humaine, fixée sur Hedeen, et porteur d’une philosophie humaniste, non pas vraiment anti-religieuse mais anti-fanatisme, combattant le refus de l’Eglise de s’adapter à l’évolution de la société. L’on retrouve ici le Bernard Simonay ’atlante’ et écrivain engagé. Flamel ayant en sa possession des cartes ’impossibles’ (visibles sur son site) où l’on peut voir un continent antarctique libéré de ses glaces, et convaincu que l’ancienne Hedeen s’y situe, nos héros s’y rendent immédiatement. Après de multiples essais, Lara parvient à entrer en communication avec Tanithkara, la dernière reine d’Hedeen...

Et ici commence la seconde partie de l’ouvrage, celle qui ravira les amateurs de ’mondes perdus’, comme moi. En effet, Simonay nous transporte dans un très lointain passé, lors de la jeunesse de la princesse Tanithkara, dans la ville de Marakha, au royaume de Nauryah. Depuis le passage d’une comète, l’Antarctique dérive vers le Sud et sera bientôt envahie par les glaces. D’autre part, une autre plaie guette le pays : le fanatisme d’une nouvelle religion, celle du dieu Haan. Tanithkara est chargée de découvrir une terre d’asile pour son peuple, qu’elle trouvera en... Avalon, une île au milieu de l’Atlantique. Tiens donc. Menacée par les Haaniens, elle prend le pouvoir, évite une guerre civile et sauve son peuple. Des années après, elle va revoir sa patrie d’origine, ruinée, désolée, et ramène les derniers survivants, après une ultime victoire contre le prêtre furieux qui la persécute. Ce passage est probablement le plus émouvant du livre et démontre la grande capacité d’évocation de Bernard Simonay. Par bonds successifs, nous assistons à la mort de Tanithkara, laquelle rédige cette fameuse « Prophétie des Glaces », leçon adressée au futur. Retour enfin à notre présent pour l’épilogue. Les Hosyrhiens se dévoilent, au grand dam des conservateurs de tout poil. Et si Tanithkara « a eu la possibilité de trouver une terre d’accueil lorsque son royaume s’est effondré, aujourd’hui, il n’existe plus aucun endroit où se réfugier. Les hommes sont donc condamnés à trouver des solutions à leurs problèmes...Ou bien ils sont condamnés...tout court ».

Ainsi se termine ce long roman, qui démarre comme un polar à la Da Vinci Code pour finir par un hymne à la tolérance et à la vigilance. Tout Simonay est là. Au travers de la fiction, l’ écrivain, depuis toujours, tente d’avertir son lectorat : « On ne peut progresser qu’en acceptant de remettre en cause ce que l’on tient pour acquis », conclut-il. C’est là toute la ’leçon’ de son roman. Car Simonay est un moraliste avéré et son livre est à lire comme un manifeste pour notre temps. Cela peut irriter certains, sans doute, mais il est loin de tout prêchi-prêcha. Une petite visite sur son site convaincra de son honnêteté, même si elle fera grincer les conservateurs ou autres zélotes intégristes. Quand la SF prend ainsi les armes des Lumières pour combattre l’obscurantisme, elle ne fait que suivre les traces d’un certain Voltaire...

www.simonay.com

Bernard Simonay, La Prophétie des Glaces, 470 p., Presses de la Cité

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Commentaires

j ai beaucoup aimee ce livre qui relate les documentaires et le roman d une facon tres elogieux j apprecie qu il exciste des hommes qui a travers l ecrit informent et communique l amour que la civilisation est entrain de perdre bravo une lectrice chevroner et admirative merci

Ce livre est ma " bible " et ma vie en a été transformée. Absolument fabuleux, divin et très révélateur lorsque l’on prend la peine d’aller au fond de l’analyse. Je suis conquise...

ce livre est un pur chez d’oeuvre, on acquiert une connaissance incroyable et on attend avec impatience d’en savoir plus. félicitations
au plaisir de lire d’autres ouvrages, merci tout simplement