Royaume de vent et de colères

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Le challenge du premier roman

Écrire et publier un premier roman conduit à emprunter des chemins sinueux où l’apprenti auteur peut facilement se perdre. Peur de la page blanche, synopsis un peu creux : tels sont les écueils contre lesquels viennent se fracasser les auteurs en herbe. Ce ne semble pas le cas de Jean-Laurent Del Socorro qui, dans l’entretien proposé après son roman, semble avoir écrit ce roman sans plan précis. Et pourtant, il nous propose ici une histoire se déroulant pendant les guerres de religion, mêlant personnages réels (tel Henri IV) et personnages de fiction, fusionnant roman historique et fantastique : un sacré défi en somme.

Paris vaut bien une messe, Marseille vaut bien un assassinat !

La ville de Marseille est cernée par les armées du roi Henri IV mais le consul Charles de Casaulx, partisan de la ligue catholique, refuse de livrer la ville à cet ancien huguenot dont il doute de la sincérité de la conversion. Pour les conseillers du roi, il s’agit donc de se débarrasser de Casaulx. Victoire, membre de la guilde, accepte d’assassiner le consul. Assiégée, la ville de Marseille est surchauffée : ses rues pullulent d’hommes de main, de criminels et d’anciens mercenaires dont certains se retrouvent dans une taverne nommée La Roue de la Fortune, tenue par Axelle et Gilles, anciens soldats. Il s’agira donc d’agir avec doigté, surtout quand Victoire commence à s’éprendre de Gabriel, chevalier du roi au passé trouble, client et surtout professeur d’escrime d’Axelle. Cette dernière a des clients mystérieux tels Armand et Roland, aux talents très particuliers et qui semblent fuir leur ordre, celui des Artbonniers. L’histoire est en marche…

Le jeu en valait la chandelle

Amateur méfiant, Royaume de vent et de colères te ravira : notre jeune auteur, ancien scénariste de jeux de rôle, montre un réel talent à croiser ses personnages, à raconter leurs itinéraires, à dévoiler leurs secrets. Plutôt bien documenté, en modeste héritier d’Alexandre Dumas, il met l’histoire au service de la fiction et nous livre ici un bien bel enfant. Pas sans défauts pourtant : certains personnages semblent à peine esquissés, tel le jeune Gabin (auquel Del Socorro consacre d’ailleurs une nouvelle, conscient de l’avoir sous-utilisé) ; quant à la magie et à sa thématique, elle paraît ici plaquée sur une trame historique. Disons que ça manque de fluidité. Ces remarques ne changent rien au jugement d’ensemble : il s’agit ici d’un très bon premier roman et son auteur doit persévérer. Amateur méfiant, tu sais ce qu’il te reste à faire…

Jean-Laurent Del Socorro, Royaume de vent et de colères, éditions Actu SF, préface d’Ugo Bellagamba, ISBN 978-2-917689-83-7, 283 pages, 18 €

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