Rouge rendez-vous

Auteur / Scénariste: 

​Marina Orchère est une femme d’affaires riche et puissante, à l’appétit dévorant. Mais depuis peu, les jeunes mâles qu’elle s’offre à prix d’or ne parviennent plus à la satisfaire. Entre son angoisse de vieillir, sa peur des sentiments et les fantômes de son passé qui ressurgissent là où elle ne les attend pas, Marina craint de perdre pied. Lorsqu’elle rencontre David, un quadragénaire un peu paumé, elle ressent enfin cette excitation qu’elle craignait avoir perdue. Mais l’attirance suffira-t-elle à les réunir, eux que tout oppose ? Marina parviendra-t-elle à faire taire son passé ou au contraire fera-t-elle la paix avec ses démons ? Et quelle peut bien être la signification de cette étrange peluche verte ?

 

Mon avis

Rouge rendez-vous ne fait pas partie de mes genres littéraires préférés. Non pas que je n’aime pas la romance, loin de là, mais je trouve plus facilement chaussure à mon pied dans les récits SFFF plutôt que dans les histoires contemporaines (même si j’en ai aimé et adoré quelques-unes). Dans tous les cas, chez Livr’S Éditions, ce n’était pas ce roman qui m’intéressait le plus, je dois l’avouer. Mais, grande surprise, le scénario m’a happée dès les premières pages. J’étais en Egypte quand je l’ai débuté, il figurait parmi mes lectures en cours à terminer, donc j’ai sauté sur l’occasion (j’ai lu pas loin de quatre livres en sept jours, vive les vacances !). Il s’agit d’une romance qui démarre lentement, plaçant le lecteur dans le contexte avec une progression naturelle. Rien ne va trop vite, et je ne trouve pas les longueurs gênantes, que du contraire. Elles permettent une meilleure immersion dans l’univers créé par l’autrice. Un univers fort approfondi par ses personnages, mais je vous parlerai de ces derniers dans un autre paragraphe. Ici, c’est l’intrigue qui nous intéresse. Au début, elle est assez banale : une femme d’affaires, Marina, perd toute envie de sexe, sa libido est insatisfaite, elle ne sait pas comment la rassasier, jusqu’au jour où… elle rencontre un pompiste, David. Cet homme, un peu passe-partout, rend Marina complètement folle de désir. Et donc s’ensuit une histoire trépidante animée par la psychologie, la sexualité mais surtout la sensualité.

Ce sont des termes qui définissent parfaitement ce livre. Les scènes explicites se font finalement plus rares que je ne le pensais, et quand elles interviennent dans le roman, elles ne sont pas du tout gênantes. J’ai pour habitude de survoler ou de lire entre les lignes, dans les autres romans, parce que souvent, je trouve que c’est exagéré, mal décrit ou simplement inutile. Sachez que dans Rouge rendez-vous, les quelques passages de ce genre s’imbriquent dans l’histoire avec aisance, de manière spontanée, sans jamais détonner. De plus, énormément de moments dans le récit, même en dehors du sexe, se retrouvent imbibés de sensualité, cela mène à une explosion d’émotions, et une atmosphère douce et coquette plane au-dessus du livre, du début jusqu’à la fin.

Par ailleurs, Yannick Dubart maîtrise parfaitement le concept du double scénario, voire du triple dans ce cas-ci. En plus de la liaison qu’entretiennent Marina et David, l’autrice parvient sans mal à alterner les deux points de vue, brodant ainsi une histoire profonde autour de chacun de ses personnages.

 

Je n’en dis pas plus, parce que j’exploiterai ce point dans le paragraphe destiné aux protagonistes du récit. Néanmoins, il reste important de savoir que Yannick Dubart connaît absolument toute son intrigue, et cela se ressent. Le principe des lettres m’a également beaucoup plu, je trouve que l’écrivaine a réussi à bien élaborer cette thématique, sans en faire trop. Tout est super bien dosé.

 

Concernant la plume, je n’ai qu’une chose à dire : wahou ! En tombant sur une histoire de ce genre, je ne m’attendais pas du tout à une telle écriture. Non pas que je trouve les romances mal écrites ou quoi que ce soit d’autre, seulement Yannick Dubart ne se départit pas de poésie. C’est incroyable comme les tournures de phrases sont recherchées, avec un vocabulaire riche et un certain rythme alambiqué qui ne quitte que très rarement le texte. Malgré sa complexité experte, l’écriture dévoile une fluidité non négligeable, à côté de laquelle nous ne pouvons pas passer. En deux heures, dans l’avion qui me ramenait en Belgique, j’avais dévoré plus de la moitié du livre, alors qu’il est quand même assez conséquent, avec une taille de police qui ne fait pas partie des plus grandes. Enfin soit, vous l’aurez compris, c’est quand même un bon bouquin duquel sortir devient difficile. Par après, y retourner se montre tout aussi dur, parce qu’on ne sait jamais combien de temps nous y resterons coincés. Un pur moment de bonheur.

 

Au niveau des personnages, il y en a pas mal, je trouve, entre Marina, David mais aussi les intervenants secondaires. Pour ne pas faire trop long, je vais surtout parler des narrateurs. D’abord, Marina. Il s’agit d’une femme qui cache derrière elle un passif chargé de souffrance, de cicatrices, même si au début, elle paraît juste cruche et sans cœur. Petit à petit, sa carapace tombe et le lecteur peut voir au-delà des apparences qui elle est vraiment. Même si je n’ai pas toujours été d’accord avec ses paroles ou son comportement, j’ai trouvé ses raisons légitimes et ses réactions logiques. Tout suit un cheminement parfaitement cohérent. Cet approfondissement psychologique, un harpon duquel il devient difficile de s’extirper, m’a subjuguée. Je restais là, à béer, désireuse d’en apprendre davantage sur cette personne aussi trouble. De plus, les lettres qu’elle reçoit au fil des pages attisent beaucoup la curiosité. Une seule envie nous anime alors : espérer qu’elle recevra d’autres courriers pour lire la suite et connaître davantage de détails sur son passé.

Ensuite, David. C’est un homme gentil, plein de compassion, et ses sentiments envers Marina sont réels. De son côté, il traîne également un passé compliqué, dans lequel il a fait beaucoup d’erreurs, confronté malgré lui à la vie adulte beaucoup trop tôt et, surtout, sans l’aide de personne. Il a dû se débrouiller, mais David est quelqu’un qui se laisse facilement piétiner par des émotions négatives… Lorsqu’il rencontre Marina, tout change et même s’il replonge facilement dans ses vieux démons, on ne peut que remarquer une certaine évolution chez lui. En fait, ces deux protagonistes évoluent tous les deux, avec l’aide de l’autre et c’est grâce aux deux points de vue offerts par l’autrice que nous parvenons à observer ce cheminement. Pour en savoir plus, il faut le lire, parce que même si cette chronique semble s’allonger, je ne vous ai même pas raconté le quart de l’intrigue !

 

Je ne m’exprimerai pas beaucoup sur la fin, pour ne pas spoiler, mais elle était au-delà de mes attentes. Cette clôture, parfaite pour un livre de ce style, m’a donné le sourire. Il s’agit d’un livre qui, peu importe la direction prise, nous rendra bien quand même, par la douceur et la sensualité qui en découlent sans nous laisser de répit. De plus, quelques plots twist parsèment cette histoire, ce qui rend cette lecture encore plus surprenante.

 

Grosso modo, que vous aimiez les romances ou pas en général, Rouge rendez-vous n’est pas un récit à prendre à la légère. Derrière son résumé banal se cache en réalité un scénario chargé de profondeurs, animé par des personnages authentiques dont la psychologie suit un fil logique, mais surtout cohérent. Par son originalité, empreinte d’érotisme bien employé, cette histoire fera vibrer votre cœur, votre âme, vos émotions. Laissez-vous emporter par cette sensation écarlate, celle qui rougira vos joues, intime rendez-vous avec une lecture renversante.

 

Rouge rendez-vous par Yannick Dubart, Livr’s éditions, 316 pages.