Remakes en tous genres

Les scénaristes de tous les horizons seraient-ils devenus subitement stériles, ou l’appât du gain serait-il le plus fort ?

Vous avez remarqué avec quelle cadence les industries du cinéma nous balancent des remakes de films plus ou moins connus !

À tour de bras, dans la joie et la bonne humeur, des films qui ont connu un certain succès ressortent sur nos écrans.


Le dernier en date, « Invasion » n’est autre que le remake de « L’invasion des profanateurs ». Ce dernier, d’ailleurs est aussi un remake portant le même titre. Il y a eu aussi une séquelle d’Abel Ferrara, « Body Snatchers ».

Il n’y a pas longtemps, « Halloween », le célèbre film de John Carpenter connaissait le même sort et était repris à l’écran par Rob Zombie.

Cet engouement pour les remakes est certainement dû au fait que les nouvelles générations de cinéphiles ne connaissent les originaux ni d’Eve ni d’Adam. Pour la simple raison qu’ils n’étaient pas encore nés.

Il y aussi le fait que le cinéma fantastique et de science-fiction a été longtemps considéré comme un sous-genre. Aussi bien du point de vue du public que des producteurs.

Et pourtant, des films fantastiques et de science-fiction, il y en a eu des tas dans les années soixante-dix/quatre-vingts.

Au fur et à mesure du temps, le genre s’est développé est s’est tout doucement imposé dans le box-office.

Si l’on prend les plus grandes recettes du cinéma, elles sont presque toutes issues de la science-fiction/fantastique.

« Stars War », « E.T », « Jurassic Parc » la liste est très longue. Sans compter les genres que l’on pourrait qualifier d’adjacents qui peuvent directement être liés au fantastique. Indiana Jones en exemple, films d’action qui incluent une part de fantastique.

Les thrillers flirtent régulièrement avec le craspec et attirent la foule des amateurs de sensations fortes. « Seven », « Résurrection » un autre exemple.


Tous ces films qui ont marqué des générations comme la mienne reprennent subitement du service.

Les scénarios étaient excellents, le public était plutôt un public averti, donc, peu nombreux.

Les producteurs se sont dit face à une recrudescence des entrées au cinéma pour ce genre : pourquoi ne pas prendre une vieille recette, la remettre à la sauce 2000 et la renvoyer sur les toiles ?

Bingo !

La technique des effets spéciaux a évolué de façon stupéfiante, la censure pour les effets gores est plus souple. Qui plus est, les scénaristes d’Hollywood se sont mis en grève et réclament plus de royalties.

Spielberg s’est servi de l’atout des effets visuels pour nous remanier un classique littéraire qui a eu son heure de gloire au cinéma : « La Guerre des mondes ».

Même si la magie Spielberg opère, même si les scènes d’attaques des tripodes nous clouent littéralement sur notre fauteuil, ce remake n’est pas une surprise en soit. Tout le scénario a été remodelé, mais les extra-terrestres n’ont eu aucun changement notable en comparaison de la précédente version.

Dans cette fiesta des remakes, il y a deux genres, la SF comme le film dont je viens de vous parler, ou le film d’horreur pur et dur.


« La Colline a des yeux », qui à l’époque de sa première sortie avait été censuré par pas mal de pays.

Wes Craven l’avait réalisé et cette fois, il le produit.

On prend la même tambouille et cette fois l’on ajoute des effets gores bien craspec.

Une famille unie perdue au beau milieu d’un désert qui a servi autrefois d’aire d’essais pour l’arme atomique. Des mineurs irradiés vivant au fin fond de ce désert.

Derrière la caméra, un Français, Alexandre Aja, qui avait signé un autre film bien craspec, « Haute tension ».

Le film est une belle réussite à tous les points de vue et du coup, sa suite arrive quelque temps après.

Une bande de militaire remplace la famille unie et pour les méchants, on reprend les mêmes.

Beaucoup moins réussi et surtout moins crédible, mais toujours aussi grandiloquent.

Dans la série des films d’horreur que l’on remet sur le marché, « Massacre à la tronçonneuse » n’a pas échappé au filet tendu par les producteurs.

À sa sortie, ce film de Tobe Hopper avait fait couler aussi beaucoup d’encre. Sa réalisation filmée comme si l’on regardait un fait divers avait marqué une génération de cinéphiles du genre. Et Tobe Hopper s’était fait un sacré nom dans le cinéma.

Son remake ne met pas en avant cette réalisation. Il préfère rester dans le « survival ».

Ce type dit « survival » est devenu le leitmotiv du cinéma actuel.

Que ce soit « La Guerre des mondes » ou « La Colline a des yeux », même combat.

Une sorte de crise de conscience après le onze septembre. Les Américains doivent être forts et unis contre l’ennemi.

« La Guerre des mondes », première version, nous montrait l’ennemi implacable contre lequel l’armée ne peut rien. La Russie était personnifiée en tant que tel. On est en pleine guerre froide. La peur de la bombe nucléaire soviétique qui désintègre tout sur son passage.

La version de Spielberg nous plonge droit dans la peur des attentats. Un des enfants de Tom Cruise y fait allusion. L’ennemi impalpable qui frappe au cœur même de l’Amérique profonde. Les corps qui sont réduits en tas de cendres (Là-dessus, l’on peut aussi penser que Spielberg fait allusion à la Shoah avec les habits vides qui s’envolent dans des nuages de cendres. Notre réalisateur est très attaché sentimentalement à cette période dramatique de notre histoire).

Tom Cruise est gris de cendres comme les survivants et les sauveteurs lors de l’effondrement des deux tours jumelles.

Spielberg a transposé le scénario pour se caler avec les événements internationaux comme l’avait fait Byron Hashin en 1954 avec la première version.

Les films que je viens de citer, excepté « Halloween », sont de bons remakes qui visent surtout à réhabiliter un vieux film en lui redorant le blason sous forme d’effets visuels ou d’effets chocs qui n’étaient pas d’actualité ou encore pas permis à l’époque.

Les scénarios ont été remodelés pour satisfaire les nouvelles générations de cinéphiles et même s’elles n’apportent rien de nouveau dans la trame, les réalisations restent honnêtes envers les spectateurs.

Il n’en va pas de même pour tous.


« La Malédiction » de Richard Donner a été copié par John Moore. Il n’a fait que faire un copiécollé du film de 1976 sans réussir à y insuffler une once d’âme.

Alors que dans la première version, le regard du fils du démon nous faisait dresser les cheveux sur la tête, dans celle-ci, on a envie de lui mettre une fessée et hop, va dans ta chambre !

Même pas peur de ton tatouage 666 !

Un coup d’épée dans l’eau de la part de la Fox qui voulait marquer le coup en voulant exploiter la date de sortie du 6 juin 2006.

À l’époque, la version de Richard Donner était sortie le 6 juin 1976. D’après la fox, en 1976, ce n’était qu’une pure coïncidence. Je veux bien y croire. En ces temps jadis où faire du fantastique était une tare, ils n’auraient pas osé. Cela aurait choqué énormément de puritains.

« Hictcher » est réalisé dans le même état d’esprit. Un copier/ coller et le tour est joué. Heureusement encore que Sean Bean est bon. Il parvient à tirer son épingle du jeu.
Sans réussir néanmoins à rivaliser avec Rutger Hauer qui tenait le rôle du psychopathe dans la première version.

Exercice difficile que de réaliser un remake. Soit, le réalisateur a ce projet dans la tête depuis fort longtemps, l’original l’avait marqué d’une façon indélébile qu’il n’a eu d’autres choix que de le mettre en chantier. Et le réalisateur est confronté à la peur viscérale de manquer le come-back de son idole, son mentor, sa muse.

Peter Jackson pour « King Kong », par exemple.


Soit le réalisateur est en phase de déclin et il veut se remettre sur les rails avec une franchise sûre. John Mac Tiernan avec « Rollerball », autre exemple.

Dans les deux cas, la tâche est plus rude qu’elle n’y paraît.

S’il ne le fait pas avec un maximum de sérieux, de respect envers les spectateurs et envers la version originale du film, il est voué à l’échec et à la risée de tous.

Même John Carpenter s’est pris les pieds dans le tapis. « Le Village des damnés » n’est qu’une piètre copie de l’original. Big John n’est pas parvenu à redonner vie à ce classique de science-fiction d’épouvante.

Pourtant, Big John est habitué à cet exercice de style. Il avait réussi avec le remake de « La chose d’un autre monde » rebaptisée « The Thing » a réalisé un des plus beaux films des années 80.

Dommage qu’il n’ait pas bénéficié d’une campagne de lancement tel que « Alien », car aujourd’hui, sur nos écrans, l’on verrait des titres tels que « Alien vs the Thing » ou encore « The Thing vs Predator ».

Kurt Russel, son acteur fétiche, campe ici un héros bourru qui est confronté avec un extra-terrestre terrifiant. Huis clos oppressant comme John sait si bien le faire.

Ensuite, il surprend agréablement son petit monde en nous gratifiant d’un autre remake.

Placé sous le signe de la comédie, Chevy Chase incarne « L’Homme invisible » dans une course poursuite avec les services secrets.


Cet homme invisible sera une nouvelle fois copié. Cette fois, d’une manière beaucoup plus sérieuse, beaucoup plus violente et surtout d’une grande intensité dramatique.

Paul Verhoeven fait disparaître Kevin Bacon dans un « Hollow Man » stupéfiant à de nombreux niveaux. La prestation de Kevin Bacon est époustouflante et les effets spéciaux ahurissants.

Les élèves copient les maîtres et big John est devenu une des cibles de cet engouement au remake.

« Halloween », comme je le signale plus haut, a été repris par Rob Zombie.

Fog n’a pas tenu un instant au box-office et a été qualifié de daube monumentale.

J’ai préféré m’abstenir pour rester sur l’opinion que j’avais de l’ancienne version. Un petit peu avant, « Assaut » avait été remis au goût du jour. On dira qu’il est le plus réussi de tous.

Il n’est pas à la hauteur de la version de John Carpenter. Néanmoins, il se laisse apprécier.

On annonce d’ores et déjà le remake de « New York 1997 ». Film culte de Big John dans lequel Kurt Russel doit expatrier le président des États-Unis qui s’est crashé à New York. Big Apple étant devenue une prison, la tâche ne sera pas aisée.

Le réalisateur Len Wiseman (« Die hard 4 ») est sur le tournage. Et c’est Gerard Butler (« 300 ») qui se fera tatouer un serpent sur le ventre.

Dans cette jungle de films que l’on reprend à tout bout de champ, l’on peut citer « L’aventure du Poséidon » de Wolfgang Petersen. Bien filmé, efficace, mais il n’apporte rien par rapport au précédent.

Dans quelques semaines, un autre chef-d’œuvre va envahir nos écrans. « Je suis une légende » avec Will Smith dans le rôle du dernier humain sur terre. Suite à une guerre bactériologique, notre bon Will erre seul dans les rues à la recherche de survivants.

Tiré du roman psychologique de Richard Matheson senior, « Je suis une légende » avait déjà connu deux adaptations. L’une, assez obscure, l’autre avec Charleston Heston dans « Le Survivant » tenait le devant de la scène avec un rôle dans la lignée de sa carrière.

À l’heure actuelle, les producteurs se penchent sur le remake de « Hellraiser » de Clive Barker. Film d’horreur qui avait secoué son petit monde en son temps.

« Vampire, vous avez dit vampire ? » ou « Fright Night » de Tom Holland est sur les rails pour une nouvelle adaptation. Film fantastique à la limite de la comédie dans lequel un ado découvre que son voisin n’est autre qu’un vampire. Comment faire pour le dévoiler aux yeux de tous sans passer pour un fou ?

À l’époque, les effets spéciaux signés Richard Edlund étaient impressionnants.
Je vous ai réservé le must pour la fin. La cerise sur le gâtal. (Un gâtal, des gâteaux. Je sais, c’est nul.)

« Les Oiseaux » d’Alfred Hitchcock est en chantier.

Je ne voudrais pas trop être à la place du réalisateur choisi. Sa carrière se jouera sur ce film.


Une petite ville côtière est subitement et incompréhensiblement assiégée par des nuées d’oiseaux.

S’attaquer à ce remake est une tâche ardue. Les scènes d’anthologie foisonnent et la maîtrise d’Alfred Hitchcock est au summum de son art.

Il y a des films comme cela qu’il faudrait mieux éviter.

« Les Dents de la mer » de Steven Spielberg est exactement de la même sève que « Les Oiseaux ». Pour faire mieux, ça ne va pas être de la tarte. Bon courage à l’équipe.
J’espère que l’on offrira une place au casting à Veronica Cartwright pour ce renouveau des « oiseaux ». Vous savez, la petite fille blonde dans les oiseaux. Celle qui sort de l’école. Elle avait joué ensuite dans « Alien » de Ridley Scott et c’est elle aussi la médium dans l’excellent « Hypnose » avec Kevin Bacon.

Voyant tous ces films en préparation, je me dis que tout ceci n’est qu’une immense noria. Dans vingt ans, l’on reverra apparaître des remakes de « Predator », du « Seigneur des anneaux » ou encore « Harry Potter ».

En attendant, j’essaie d’imaginer lesquelles seront les prochains sur cette longue liste.

Allez, on parie sur ?

J’hésite … Entre « Poltergeist », « L’Exorciste » et « Evil Dead » ?

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