Peuchâtre et Gésirac

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Les amateurs de fantastique rural vont être gâtés : voici un recueil de contes qui sent bon la terre, la campagne, les bêtes, le Diable... L’auteur nous était déjà connu par le récit titulaire, paru dans le Codex Atlanticus n° 17. Récit reprenant un vieux thème de contes, celui de l’ogre.

On y remarquera surtout un style fouillé, recherché, travaillé à l’extrême, et qui se complaît dans des descriptions somptueuses de phénomènes naturels tels ici qu’une bourrasque en forêt. Dans la nouvelle initiale, L’Autre, il s’agira d’un orage : « Alors, énorme, un roulement s’empara de l’espace, voix de basse qui n’en finissait plus d’épandre son courroux, grandiose bouleversement du ciel, de fond en comble, répercuté jusqu’aux entrailles de la terre ébranlée, prête à basculer ». L’Autre est un gigantesque loup qui terrorise le pays. Ces deux nouvelles, relativement longues, montrent l’auteur sous son meilleur aspect, celui d’un conteur sculptant un décor splendide et sauvage pour y inscrire le fil, parfois ténu, de son intrigue.

Un autre exemple est fourni par Le loup, touchante histoire d’un loup apprivoisé qui s’échappera pour ne revenir qu’à la mort de son ancien maître. Ces nouvelles se ressentent sans doute du pays saintongeois cher à Rullier. Ce qui ne l’empêchera pas de situer son action en Ecosse (Ceux qui règnent à Charn Hill, un peu lovecraftien), en Afrique (Nekr) ou au Cambodge (Le parfum).

Quelques nouvelles, les plus courtes, sont de véritables poèmes en prose : Le dieu ocre, Le cheval, Les assiettes (sorte de voyage onirique), ou Birgit. Ce dernier texte, qui ne fait que six pages, devrait être développé : je ne sais si Rullier a écrit des romans, mais il devrait ou aurait du. La brièveté ne lui sied pas trop, au point de rendre certains récits incompréhensibles (Le château, La lionne). Un ’épilogue’ mystérieux, intitulé « In memoriam A.R. » émet quelques commentaires sur chaque texte. Critique mitigée donc pour un styliste parfois un peu laborieux, et dont plusieurs nouvelles semblent inabouties.

Michel RULLIER, Peuchâtre et Gésirac, coll. ’KholekTh’, La Clef d’argent, Dôle, 2009, couverture ill. : Sébastien Hayez, 235 p., 12 €.

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