Qui a peur de la littérature ado ?

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Annie Rolland est psychologue clinicienne et docteur en psychologie clinique et pathologique. Elle s’intéresse particulièrement à la littérature ado dans le cadre de sa pratique de psychothérapeute d’ados.

Au travers de ses réflexions, de ses rencontres avec de jeunes lecteurs et des auteurs comme Gudule, elle expose et démontre que la littérature n’est pas un vecteur en soi de subversion ou de perversion, qu’on ne peut accuser un livre d’influencer à ce point l’esprit en formation de nos teen-agers.

Mais c’est déjà la perversion (en psychologie, il ne s’agit pas d’un terme péjoratif) et la subversion qui sont au cœur de la démarche de l’adolescent qui se construit par conformisme ou différence, voire alterne les deux selon l’objet de sa relation.

Même si certains extraits semblent durs, cruels ou même sexuellement explicites, je suis proche de sa pensée qui affirme que le monde offre tellement de sources de « brutalité » que la littérature est plus rassurante même quand elle offre un monde sinistre, noir et sans avenir (heureusement pas toute la littérature jeunesse).

Maintenant, dans ce genre d’œuvre, on ne critique pas. On est d’accord ou non. Au mieux, on mène sa propre réflexion.

Et la mienne est : alors qu’il y a 2 siècles (et plus), le passage de l’adolescence (très courte) à l’âge adulte se marquait par la constitution d’un couple, d’une famille (les enfants souvent travaillaient depuis des années), peut-on considérer qu’aujourd’hui, les jeunes ayant une vie amoureuse précoce, on devient adulte quand on entre dans le monde du travail ?

Cette idée rencontre un peu le concept de « génération Tanguy » et la tendance à faire de l’adolescence une période étendue de 13 à 25 ans (avec la création de « l’adulescent », pour les 18-25 ans, sorte d’adulte émotionnel et d’ado dépendant encore des revenus de ses parents).

La difficulté pour les jeunes à accéder à leur premier emploi les prive d’une notion adulte : celle de se projeter dans l’avenir, pas de manière romantique mais bien réaliste.

Et laissons au législateur la majorité légale à 18 ans, on le sait bien tous qu’on est encore jeune, influençable et con à cet âge et – oserai-je ? – dans 90 % des cas, incapable de mener une réflexion « politique » indépendante !

Qui a peur de la littérature ado ? par Annie Rolland, couverture de Mathieu Desailly, Editions Thierry Magnier.

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