Quarante signes de la pluie (Les)

Auteur / Scénariste: 

Le concours du 20/11 au 4/12 2006, ici !

ELLE

Cela se passe après-demain, là tout de suite, aux Etats-Unis, nous suivons divers personnages confrontés dans leur vie quotidienne et par leurs métiers aux bouleversements climatiques et aux anticipations nécessaires. Une famille composée d’un chercheur dans une fondation qui distribue des crédits de recherche et d’un conseiller pour l’environnement, de l’équipe d’un laboratoire de recherche et des habitants d’une Ile, des Tibétains en exil… Un roman comme un plaidoyer pour voir le monde dans sa réalité criante d’urgence.On appelle ça un éco-thriller, moi je dirais plutôt un plaidoyer, un avertissement, une prière, une invitation à la sagesse, un traité de savoir vivre avec la planète et en intelligence.

10 chapitres, 10 constats de la situation actuelle. C’est là tout de suite que ça se passe. Vous n’êtes pas vraiment dans un roman de science-fiction. C’est pour demain, après-demain. C’est au présent de nos vies…


10 petits textes s’intercalent dans l’histoire pour faire l’état des lieux. De quoi vous secouer les neurones.

Cela se passe aux Etats-Unis, pays emblématique parce qu’il est l’un des rares pays à ne pas avoir signé le protocole de Kyoto. Et qu’il n’est pas le dernier à produire de quoi surchauffer la planète. Mais on se sent impliqué.

Entre ces chapitres qui mettent les pendules à l’heure, ou le thermomètre ou le baromètre si vous préférez, vous suivez quelques personnages qui sont en lutte pour la préservation de la planète et des humains.

A divers niveaux. La famille Quibler dont la mère est chef de projet dans une institution qui distribue des financements au laboratoire de recherche. La National Science Foundation est comme les autres soumises aux compromis. Et à force de compromis, on perd l’essentiel ce qui met en rogne l’un des chercheurs Frank Vanderwal…

Dans la famille Quibler, il y a le père au foyer qui travaille à mi temps et s’occupe des enfants. La planète, il essaie de faire entendre ses inquiétudes auprès des politiques en travaillant pour le cabinet du sénateur Chase. Mais en politique, les compromis, c’est encore pire que dans les instituts de recherche.

Il y a aussi les habitants d’une île, le Khembalung, soumise aux inondations à répétition… Des Tibétains qui s’intéressent de près au jeune Joe, le fils Quibler.

Chacun, du bout de sa lorgnette, voit les causes et les conséquences du dérèglement du climat. Et se sent terriblement impuissant.

Il est si difficile de lutter contre l’inertie… Et la menace s’affirme de jour en jour, mais les politiques ignorent les avertissements. Trop de mécontents en perspective si on change les habitudes. Mais il faudra bien en passer par là et même d’urgence parce que l’eau est déjà là… A force de reporter les décisions, à force d’éviter de faire face, la catastrophe annoncée est déjà là.

A l’heure où l’on parle de petits gestes pour sauver la planète, il faudra faire bien plus que cela pour sauver l’humanité avec.

Les personnages sont attachants. Les Tibétains du Khembalung nous donnent à rêver une suite quelque peu mystérieuse, porteuse d’espérance.

Je conseille fortement la lecture de ce roman, pour le plaisir, et surtout pour être plus réactif dans nos vies quotidiennes. Dans notre comportement de citoyen, dans notre utilisation de nos bulletins de vote…

C’est bien plus que de la science-fiction, c’est la réalité qui s’écrit par anticipation. Ce livre tombe à pic parce qu’il arrive en France en même temps que le film de Davis Guggenheim, Une Vérité qui dérange qui donne la parole à Al Gore, l’ancien vice-président des Etats-Unis.

Si l’on peut soupçonner l’un d’utiliser l’écologie pour faire un retour en politique, ce livre est sincère.

Je ne sais pas comment il a été reçu aux Etats-Unis, mais c’est un roman subversif. Un roman qui s’engage.

On en sort plus intelligent car mieux informé.

Ce n’est pas de la hard science pour ceux qui craignent les romans scientifiques. L’écriture est fluide. L’information scientifique est lisible.

J’attends la suite en français : Fifty Degrees Below.

Kim Stanley Robinson nous avait déjà donné à réfléchir sur les projets de terra formation de mars avec sa trilogie, Mars, la rouge, la verte et la bleue. En livre de poche maintenant.

Avec Les Quarante signes de la pluie, on ne peut plus ignorer les menaces. Si un livre peut vous amener à réfléchir à vos comportements vis-à-vis de la planète voire à les modifier, c’est bien celui-là.

Parce que ce n’est pas de la futurologie, c’est maintenant.

A lire absolument !

Channe

LUI

L’écrivain californien, Kim Stanley Robinson est devenu célèbre avec sa trilogie martienne.

Mais sorti de Mars, l’écrivain sait se pencher sur le sort plutôt alarmant d’une certaine planète Terre, et le 1er des trois tomes de son ouvrage « Les quarante signes de la pluie » vient d’être traduit et publié aux Presses de la Cité.

Dans ce livre, il est question du réchauffement climatique, sujet dont il s’est accaparé en 2001. À cette époque, les scientifiques commençaient à se pencher sur les problèmes de changements climatiques. Et Robinson qui, selon ses dires, « aime écrire sur les angoisses du temps présent », a foncé dans l’écriture.


C’est une véritable saga qui s’en est suivie, où l’on accompagne différents personnages, politiques, scientifiques, avec pour toile de fond la fonte de la banquise. Les effets ne se font pas attendre, et en particulier à la Maison Blanche, le cœur du pouvoir US, qui se retrouve sous les eaux. Dans un pays qui a connu la tragédie de l’ouragan Katrina, et qui est pourtant doté d’une administration relativement sourde aux graves problèmes d’environnement menaçant la planète, ce récit peut sembler une gageure. Mais il est en tout cas salutaire dans la lutte contre toutes les réticences et les lobbies conduisant l’Humanité à sa perte. Dans nos contrées, nous voyons des étés, soit anormalement chauds, soit anormalement froids, mais qui se prolongent jusqu’en novembre. Alors, quand la banquise fondra… Le climat n’est plus seulement un problème, mais constitue déjà une situation de détresse.

Enfin, Robinson dévoile déjà que dans les tomes suivants, la situation va en s’améliorant.

Quoi qu’il en soit, ce livre est salutaire, et aborde un thème pour lequel la SF doit se mobiliser comme d’ailleurs ses lecteurs, car telle est sa mission la plus urgente.

Patrick Vast

Kim Stanley Robinson, Les Quarante signes de la pluie, Traduit par Dominique Haas, Presses de la cité, 396 p.

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