P'tit mec (Le)

Et si une seule erreur faisait basculer votre vie dans un cauchemar ?Olivier Rosier, pour éviter la faillite, accepte de travailler pour un homme à la réputation trouble.Cet arrangement était censé être provisoire… jusqu’au jour où rien ne se passe comme prévu.Pris au piège, il n’a plus le choix. Alors qu’un déluge s’abat sur la ville, il doit fuir avec sa femme et son fils.

C'est toujours une déception en puissance de lire un roman, quand on a eu un coup de coeur pour le précédent du même auteur. Rappelez-vous, c'était il y a un an, je chroniquais Le dernier jour, d'Arthur Rogé (ici). J'étais à la fois ravie et inquiète de recevoir son nouveau livre. Ravie, parce que quand on a aimé, on en redemande. Inquiète, parce la barre était placée très haut.

Même si je n'ai pas autant adoré Le p'tit mec, je ressors enchantée de ma lecture. Cette fois encore, Arthur Rogé signe un polar qu'il est difficile de lâcher.

La narration est éclatée, avec les points de vue des différents personnages qui se succèdent, parfois au sein d'un même chapitre. Chacun apporte sa vision des évènements et des situations, apportant des éclairages différents assortis à l'âge, la condition et la personnalité de chacun. Ainsi, on en vient à tous les considérer avec plus d'empathie, y compris les "méchants" (sans pour autant leur pardonner, il ne faut pas non plus pousser !).

Là réside la première originalité de ce roman, cette faculté de nous enjoindre de nous identifier à tous les personnages sans exception. Loin du manichéisme caricatural que l'on retrouve dans trop de polars, Arthur Rogé nous encourage à comprendre, à accorder les circonstances atténuantes. Car, sous sa plume, même le plus hargneux des bandits dévoile un parcours chaotique propre à attirer la compassion. De la même façon, Olivier, le "héros" est loin d'être toujours sympathique, bien au contraire...

La seconde chose qui m'a frappée, c'est cette façon de l'auteur de créer une partition bien à lui, une symphonie émouvante sur la relation père/fils. Il explore les non-dits, les traumas, les conséquences fracassantes des ratés dans le développement d'un garçon, par rapport à son père. Les couples Olivier/Maxime, Michel/Olivier, Stanislas/Andrea sont autant d'exemples de ce qui peut mal tourner entre un père et son fils, des dégâts sur le long terme d'une enfance abîmée.

L'inéluctabilité de ces émotions bafouées entraîne toujours une répétition du comportement quand l'enfant devient adulte.

Arthur Rogé va fouiller dans ces sentiments à l'état pur, il y met les mains, les triture, les expose au yeux du lecteur, toujours avec cette petite musique désenchantée en arrière-plan. On se croirait dans un film d'Olivier Marchal, où les êtres sont englués dans des situations qu'ils ont eux-mêmes provoquées.

Deux romans, deux réussites. Arthur Rogé validera-t-il l'adage du "jamais deux sans trois" ? Une chose est sûre, je serai au rendez-vous !

Le p'tit mec d'Arthur Rogé, Éditions du Gros Caillou, ISBN 978-2-49420-209-2, 19 €