221B, Baker Street

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Octobre 1900, Londres. Après avoir reçu un étrange courrier, Conan Doyle se retrouve mêlé à la disparition de plusieurs jeunes filles dans les bas-fonds de la ville. Sur les traces d’un tueur en série, il demande l’assistance d’un de ses amis, l’écrivain Bram Stoker, auteur de Dracula. Janvier 2009, New York. C’est un grand jour pour Harold White : son article mettant en parallèle les exploits de Sherlock Holmes et la naissance de la médecine légale lui vaut d’être intronisé dans la prestigieuse association des « Baker Street Irregulars ». C’est aussi un grand jour pour ladite association : Alex Cale, l’un de ses membres les plus renommés, vient de retrouver le « Saint-Graal » des fanatiques de Conan Doyle, le fameux tome perdu du journal intime de l’écrivain, couvrant les mois d’octobre à décembre 1900. C’est en effet à cette époque que Conan Doyle, après avoir fait mourir Sherlock Holmes sept ans plus tôt au grand dam de ses admirateurs, a décidé, pour une raison demeurée inconnue, de faire revivre le célèbre détective. Mais Alex Cale est assassiné avant d’avoir pu dévoiler le contenu du fameux journal et Harold, inspiré par l’art de la déduction de son illustre modèle, se lance sur la piste du meurtrier. Deux enquêtes à plus d’un siècle de distance, de mystérieuses correspondances et un formidable coup de théâtre.


Quel plaisir de lecture ! C’est un peu court, vous me direz, mais c’est exactement de cette façon que j’ai envie de résumer mes deux journées passées en compagnie de Graham Moore et de son excellent roman. Lors de sa sortie en grand format, le titre m’avait échappé... Alors que je suis généralement amateur de tout ce qui touche à Sherlock Holmes.

Personnage tombé dans le domaine public depuis quelques années déjà (même si le Conan Doyle Estate se fait fort de surveiller au plus près les exploitations commerciales du personnage, dans un esprit mercantile qui ne manque pas d’énerver les spécialistes éclairés), le détective aux facultés de déduction hors du commun apparaît dans 221B Baker Street comme une ombre planant sur deux histoires parallèles. Des histoires reliées entre elles par un mystérieux journal disparu.

Fin connaisseur des aventures de Holmes, Graham Moore est tout aussi fasciné par Conan Doyle... Et surtout par la relation haine/amour qui unissait l’auteur à son personnage. Au fil du roman, dont la construction prend des allures de « page turner » plutôt redoutable, c’est à la fois l’écriture, la passion, le fanatisme littéraire ou encore la grande question de ce que l’on laisse derrière soit comme trace dans l’Histoire, qui traverse le récit. Certes les réflexions de l’auteur ne débouchent pas sur une épiphanie éblouissante, mais laissent tout de même songeur sur le processus créatif... et ses relations avec la réalité. Des relations d’autant plus complexes lorsque l’écriture se penche sur le mal, la douleur, les frontières morales et les luttes politiques de classe qui secouèrent l’Angleterre à l’aube du XXe siècle. On regrettera peut-être que la partie contemporaine de l’aventure s’appuie sur des enjeux moins... interpellants.

Graham Moore, 221B, Baker Street, Pocket

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