Léonard de Vinci - la biographie

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Lorsqu’on évoque Léonard de Vinci, on pense automatiquement à la Joconde, tant l’oeuvre et son créateur son intimement lié. On pense aussi à l’homme de Vitruve, à la cène, mais aussi à ses incroyables créations parmi lesquelles les fameuses machines volantes qu’il s’ingéniera sa vie entière à vouloir faire voler.

Mais Léonard de Vinci est un homme infiniment plus complexe que cela, et Walter Isaacson, dans cette biographie fouillée de plus de six cents pages construite comme un vrai roman policier, s’attache à nous le démontrer brillamment. Fruit des amours illégitimes entre Piero, descendant de la famille de Vinci, et une jeune paysanne sans le sou, Léonard va se retrouver ballotté entre deux mondes. Il n’est pas « né », il ne pourra donc embrasser la carrière de notaire comme ses aïeux. Sa mère, vite mariée, a plus à faire à s’occuper de ses autres enfants légitimes, tout comme son père qui cherche un héritier pour lui succéder à Milan. Peu doué pour les études (il n’arrivera jamais à intégrer le latin et les équations mathématiques resteront un problème pour lui tout au long de sa vie), Léonard se découvre une passion par l’art, le dessin, l’architecture. Et surtout, ce gaucher, végétarien, homosexuel, distrait et procrastineur, et volontiers hérétique, se révèle être une observateur passionné de tout ce qui l’entoure. Tout au long de sa vie, il va puiser dans ses explorations de la nature les éléments qui le pousseront à se surpasser et à créer sans cesse. Il remplira ainsi des milliers de pages de carnets, en vue d’ouvrages sur des sujets aussi différents que le cheval, l’anatomie humaine, l’eau, les oiseaux, l’optique…  À la lecture de ses notes, on se rend compte à quel point cet homme était un génie en avance pour son époque : certains de ses travaux ne seront repris que plusieurs centaines d’années plus tard et, s’il s’en était donné la peine, porteraient aujourd’hui son nom. Perfectionniste à l’extrême, il ira jusqu’à abandonner plusieurs oeuvres parce qu’il s’estimera insatisfait du résultat. De son vivant on ne connait de lui moins d’une vingtaine de peintures, qu’il retouchait régulièrement, jamais satisfait. La Joconde à elle seule, comprend par endroits plus d’une trentaine de couches de vernis afin de lui donner du relief.Léonard dissèquera un nombre conséquent de cadavres, entre autre pour appréhender les muscles des lèvres et pourvoir dessiner le sourire de Mona Lisa. Il passe des heures à observer le vol des libellules afin de comprendre le mécanisme des ailes, observe l’effet des rayons lumineux lorsqu’ils frappent les yeux, explique le principe des mouvements de l’eau et de la pluie, dessine des villes entières avec une précision digne d’un GPS actuel. Surtout, il ne cessera jamais de s’émerveiller et de ne jamais hésiter à se remettre en cause. Si par l’observation et l’enseignement, il comprend qu’il a pu se fourvoyer en énonçant certains principes, il n’hésite pas à revenir dessus et à avouer ses erreurs.

Généreux, le maître partagera sa vie avec ses disciples et ses apprentis, dépensant sans compter. On le décrit volontiers fantasque dans ses tenues, portant les vêtements courts et de couleur vive, rose ou violet. L’argent lui fera plusieurs fois défaut, notamment parce qu’il produit peu, s’interessant à mille choses à la fois. La création de la cène est en un parfait exemple, où Léonard est capable de venir devant son oeuvre sans rien faire de la journée, juste pour évaluer la travail effectué la veille. Entre temps, il aura trouvé matière à s’émerveiller sur d’autres sujets, remettant sans cesse au lendemain ce qu’il devrait faire aujourd’hui. Il le dira lui-même à plusieurs reprises : il ne se considèrera pas comme un peintre, mais comme un ingénieur, un architecte, un créateur.

Les mathématiques en particulier la géométrie, l’accompagneront tout au long de sa vie jusqu’à la fin : sur un des derniers feuillets qu’on lui connait, il dessine des triangles rectangles et conclut de son écriture en miroir (étant gaucher, Léonard écrit systématiquement de droite à gauche) et caetera « parce que la soupe refroidit ».

Une vie extraordinaire qui s’achève à 67 ans, le 2 mai 1519, après avoir traversé Milan et Florence à plusieurs reprises, Rome et enfin la France au gré de ses soutiens.

A travers cette biographie aux accents de roman d’aventures, Walter Isaacson cherche aussi à nous inculquer ce qui dirigera toujours Léonard : la curiosité. Ne jamais se contenter de ce que l’on voit de prime abord, mais aller plus loin. faire preuve d’ouverture d’esprit et d’imagination. De ce point de vue, l’héritage de Léonard est infiniment précieux.

 

Je remercie chaleureusement les éditions Quanto pour leur confiance.

 

Léonard de Vinci la biographie - Walter Isaacson - Editions Quanto - 03/19, 29 €

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