Lagune morte et autres nouvelles

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Avec une couverture du dessinateur Schuiten (Les cités obscures), dans les tons bleu et vert, un peu une ville perdue sous la verdure, voilà un ouvrage avec 17 nouvelles « à travers le temps ».

A travers le temps via un double sens : les nouvelles sont écrites entre 1976 et 2022 mais aussi sont quasi toutes des anticipations ou de la pure science fiction. Certaines se sont fait rattraper par le monde qui a évolué autrement que dans les prospections de leur époque de création, d’autres gardent un sens très contemporains.

Je ne vais pas toutes les résumer mais picorer quelques-unes qui m’ont le plus accrochée.

La première Aux couleurs d’un rivage blond, d’abord pour son titre mystérieux, puis pour sa forme. On passe d’un « je » narrateur, à un narrateur qui interpelle le lecteur, à un « tu » d’introspection, à une vision par un tiers ou par l’auteur. J’ai beaucoup aimé être secouée de pronom en pronom, de la perception du narrateur interne ou externe.

Les lumières de Bellaire nous parlent d’une rencontre qui pourrait sembler banale… Un jeune homme, une jeune femme… Beaucoup de références à la « pop culture » et une fin inattendue.

La danse de l’aigle, mélange de tradition, de sciences et de futur. Un peu comme si le passé donnait raison au futur avec la sagesse d’un vieil Indien.

La voile verte m’a semblé parler de multivers où un homme se projette dans son passé, mélange son présent, étant parfois une ombre, parfois un corps physique.

Lagune morte, la nouvelle qui donne son nom au volume. Mâtinée d’écologie, de changement climatique. Quand un homme apprend à vivre quasi seul dans une ville inondée par la montée des eaux.

Quelques constantes dans les nouvelles : une solide base géographique (toutes ou presque sont clairement situées sur le globe terrestre, de l’Arizona à l’Italie, en passant par Liège), un rappel fréquent à une culture antérieure à l’époque du récit (musique, cinéma, littérature parfois même avec des citations dans la nouvelle)...

Dominique Warfa s’amuse à nous faire voyager dans le temps, dans l’espace mais aussi dans son propre imaginaire sans nous prendre trop la tête avec un récit très scientifique. On reste dans le plaisir lecture avec ce qu’il faut pour nourrir notre souhait de dépaysement, nous intriguer et même nous faire réfléchir à de potentiels lendemains.

Cet ouvrage trouve sa place dans une collection dédiée aux auteurs belges d’autrefois ou d’aujoud’hui qui mérite aussi l’attention des autres francophones dans le monde.

 

Lagune morte de Domnique Warfa, illustration de Luc Schuiten, Espace Nord.

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