Là-haut
Retour à la vie
La vie, l’amour, la mort
Une fois n’est pas coutume car dès la scène d’intro, Pixar prend le risque, qui s’avère être à la fois judicieux et payant, de révolutionner le genre en nous résumant les moments les plus marquants de la vie de Carl Fredricksen depuis sa plus tendre enfance et sa 1ère rencontre avec Ellie, une gamine de son âge espiègle et aventurière, avec qui il partage les mêmes goûts et qui, à l’âge adulte, deviendra sa femme. Tous deux rêvent d’aller en Amérique du Sud sur les traces de leur idole, Charles F. Muntz, un célèbre explorateur dont les exploits faisaient la une des journaux dans les années 30. Le couple fait régulièrement des économies pour arriver à se payer ce merveilleux voyage mais les divers aléas de la vie les en empêchent. Les années passent, ils vivent une vie modeste et n’ont jamais pu avoir d’enfant ce qui ne les a pas empêché d’être très heureux ensemble jusqu’au jour où Ellie meurt des suites d’une longue maladie. Carl a maintenant 78 ans, il est solitaire et se renferme sur lui-même. La maison où il a fait la connaissance d’Ellie, qu’ils ont, par la suite, achetée puis entièrement retapée eux-mêmes et dans laquelle ils ont vécu toute leur vie, va bientôt être démolie pour faire place à la construction d’un gigantesque complexe immobilier. En conséquence de quoi, Carl va devoir aller s’installer dans une sinistre maison de retraite.
En l’espace de quelques minutes, le spectateur voit défiler la vie de cet homme ordinaire, qui n’a rien d’un héros, et ressent alors toute l’émotion dégagée aussi bien par les moments de bonheur que ce couple uni a partagés tout au long de leur vie commune que par l’immense chagrin éprouvé par Carl suite à la perte de son épouse bien-aimée et du grand vide laissé par son absence. Carl n’a aucune envie de finir ses jours dans une maison de retraite et il tient à honorer la promesse qu’il avait faite à sa femme bien des années auparavant. Ayant exercé le métier de vendeur de ballons, il décide d’en attacher plusieurs milliers à sa maison et de s’envoler en direction de l’Amérique du Sud.
Le vieil homme et l’enfant
En voulant réaliser son rêve de toujours avant qu’il ne soit trop tard, Carl ne s’attendait vraiment pas à embarquer avec lui un indésirable “passager clandestin” en la personne de Russell, un jeune scout au tempérament passionné, âgé de 8 ans et membre de la Tribu 54, qui ne se sépare jamais de son équipement de camping et de survie au cas où l’aventure surgirait à l’improviste.
En fait, il n’a jamais quitté la ville et tout ce qu’il croit savoir de la vie sauvage, il l’a appris dans les livres. Quant à sa seule réelle expérience de camping, elle s’est déroulée… dans son salon. Il a déjà réussi ses épreuves de 1ers secours, de soins, de zoologie et de maîtrise du déguisement. Il ne lui manque désormais plus qu’à remporter celle d’assistance aux personnes âgées pour atteindre son but ultime : devenir enfin un explorateur confirmé. Pour y arriver, il est prêt à tout et c’est pour cela qu’il a jeté son dévolu sur Carl et qu’il a l’intention de l’aider quoi qu’il arrive (enfin presque).
Dog soldiers
Après un long périple en “maison volante”, Carl et Russell finissent par arriver en Amérique du Sud à proximité de Paradise Falls, l’endroit où Ellie avait rêvé d’aller toute sa vie durant. Non loin du haut plateau désertique où ils se sont posés, se trouve une jungle où pullulent diverses faunes et flores exotiques. C’est au cœur de ce “Monde perdu” que patrouille une meute de chiens, composée de Alpha, Beta, Gamma et Doug, ayant pour mission de capturer un oiseau extrêmement rare que leur Maître poursuit inlassablement depuis des décennies. Tous les quatre portent un collier high-tech de conception très sophistiquée. Munis d’un GPS leur permettant de se repérer partout où ils se rendent, ces colliers sont également capables de traduire leurs pensées les plus secrètes en paroles.
Doug est un adorable golden retriever qui, en raison du fait qu’il n’est pas très futé, est constamment la risée des autres membres de la meute qui le méprisent. C’est pourtant lui qui, par hasard, va dénicher l’oiseau rare, recherché depuis si longtemps. Dès que Doug croise le chemin de Carl et de Russell, il se prend instantanément d’affection pour ces deux visiteurs au point de ne plus vouloir les quitter. Alpha, un redoutable doberman noir à l’allure sinistre, est le chef de la meute et personne n’ose contester son autorité. Beta, un rottweiler à la musculature impressionnante, est son fidèle lieutenant et son exécuteur des basses œuvres. Quant à Gamma, c’est un turbulent bouledogue. Rien ne peut les détourner de leur mission, à l’exception des écureuils.
Baptisé “Kevin” par Russell, le fabuleux oiseau rarissime tant recherché mesure 4 mètres de haut et est incapable de voler. Il se cache au cœur de la jungle de Paradise Falls. Doté d’un superbe plumage multicolore et d’un cou interminable, il fait preuve d’une vivacité exceptionnelle en dépit de sa grande taille. D’une valeur inestimable pour la science, il peut adopter certaines positions ou attitudes défiant à la fois l’entendement ainsi que la loi de la gravité et est aussi capable d’imiter les humains.
Rêve éternel
Après l’inattendue et très attendrissante scène d’intro, Là-Haut bascule brusquement du drame sentimental intimiste à la franche comédie par le biais d’un buddy movie dans lequel le tandem de héros va vivre toute une série d’aventures fantastiques particulièrement mouvementées.
L’improbable alliance entre un vieil homme grincheux, acariâtre, misanthrope et perclus d’arthrite avec un horripilant gamin particulièrement naÏf mais doté d’un enthousiasme à toute épreuve crée ici à elle seule bon nombre de situations cocasses. Au fil des épreuves qu’ils vont traverser ensemble, ils vont apprendre à mieux se connaître, à se faire confiance et même à s’apprécier : Carl voyant en Russell le fils qu’il n’a jamais eu et Russell considérant Carl comme un père de substitution, le sien étant en permanence bien trop pris par son travail pour avoir du temps à lui consacrer. “Il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves”, tel pourrait être la morale de l’histoire bien qu’au final, Carl, ce papy qui fait de la résistance, prend conscience que l’aventure de la vie ne réside pas dans des voyages à l’autre bout du monde ou la réalisation de grandes choses mais, bel et bien, dans les rapports humains que nous avons au quotidien avec nos amis et les membres de notre famille.
On ne peut que rester admiratif devant les prouesses techniques réalisées par les nombreuses personnes ayant œuvré pendant près de 5 ans sur le film (plus particulièrement lors des scènes où la maison vole et se déplace grâce à des milliers de ballons multicolores ainsi que dans le combat aérien final). Les décors sont de toute beauté et les scènes situées en Amérique du Sud qui sont filmées en plan large sont carrément sublimes. Quant à celles où figurent les chiens, elles sont absolument désopilantes, plus particulièrement celles avec Doug (le gentil et craquant benêt) et Alpha (à chaque fois que son collier se détraque). La 3D apporte aussi une réelle profondeur supplémentaire au film, tant au sens propre qu’au sens figuré.
Là-Haut
Réalisation : Pete Docter
Avec les voix de : Ed Asner, Christopher Plummer, John Ratzenberger, Jordan Nagai, Elizabeth “Elie” Docter, Delroy Lindo, Bob Peterson
Sortie le 29 juillet 2009
Durée : 1 h 35