Coupure (La)

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Il aura suffi de la découverte d’un squelette de nourrisson, sur un chantier de Londres, pour que l’existence de trois femmes s’en trouve bouleversée. Parce que toutes les trois ont une raison de s’intéresser à ce petit corps : Angela ne s’est jamais remise de la disparition de son dernier enfant, une petite fille, dérobée à la maternité. Kate, journaliste un peu vieillissante et dépassée par le « nouveau journalisme », y voit l’occasion unique de prouver qu’elle est toujours au top en s’offrant un reportage de première ligne. Quant à Emma, jeune  correctrice à domicile psychologiquement perturbée, mariée à un homme beaucoup plus âgé qui fait presque figure paternelle, cette découverte fait remonter à la surface une période noire de son passé qu’elle aurait voulu enterrer à tout jamais…

 

La coupure est une agréable surprise, un thriller original qui fait la part belle à la psychologie des protagonistes et ne fait jamais dans l’excès. Ici, pas de crimes sanglants, de descriptions morbides, mais une écriture en finesse. Fiona Barton fait intervenir ses 3 personnages à tour de rôle, selon le principe de 1 chapitre/1 personnage, prenant le parti de faire parler le plus fragile des trois, en l’occurence Emma, à la première personne. Elle renforce ainsi sa fragilité et le côté sombre du roman. Sous la plume de Kate, on sent également parfois pointer la journaliste, donnant un coté reportage assez vivant. Finalement, pour moi, Angéla est celle qui bénéficie peut-être le moins de développements et je dirais à la limite d’empathie, même si son rôle s’avère crucial par la suite. Le tout dans un Londres en plein bouleversement architectural, entre destruction et reconstruction de quartiers entiers. Un humour parfois caustique qui colle à l’actualité récente : lorsque Kate se fait draguer par un témoin, elle trouve que « tout cela virait un peut trop DSK à son gout »!

Tout au long de ces 477 pages, la tension va crescendo sans temps mort, jusqu’au dénouement final, que je n’ai senti que partiellement venir : sur l’identité de ce bébé mort, on échafaude des hypothèses jusqu’à trouver celle qui parait la plus logique, mais incomplète pour ma part.

La coupure constitue donc pour une excellente découverte de la rentrée, jamais ennuyeux, toujours plaisant, un très bon roman sans être un coup de coeur mais que je conseille vivement.

 

La coupure par Fiona Barton, Editions Fleuves Éditions, septembre 2018,  20,90 €

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