Oeil du Mal (L')

Ennemi d’état

Terreur sur la ligne

Jerry Shaw est un jeune homme fauché qui a préféré abandonner ses études à la fac pour prendre le temps de trouver sa voie dans la vie. Un jour, il découvre que son compte bancaire vient d’être crédité d’une importante somme d’argent dont il ignore totalement la provenance. Lorsqu’il rentre chez lui, son appartement est rempli d’armes de toutes sortes. Alors qu’il est encore sous le choc, son téléphone sonne et une mystérieuse voix de femme lui conseille vivement de fuir immédiatement. Alors qu’il s’y refuse, sa porte est enfoncée au même moment par l’intervention musclée d’une troupe d’élite des forces spéciales qui investit les lieux manu militari et l’arrête. Il est dès lors considéré par les autorités comme un dangereux terroriste préparant un attentat imminent mais il arrive à s’échapper grâce à l’aide providentielle de la fameuse voix qui lui indique la marche à suivre. Désormais poursuivi par le FBI, l’armée et toutes les polices, Jerry n’a pas d’autre choix que d’obéir à la mystérieuse voix qui contrôle chacun de ses faits et gestes. Dans sa fuite, il croise la route de Rachel Holloman, une mère célibataire, elle aussi obligée d’obéir à la voix, faute de quoi son fils de 8 ans le paiera de sa vie. La mystérieuse voix contraint alors les deux fugitifs à se lancer contre leur gré dans une mission dont ils ignorent tout et pour laquelle ils ne sont absolument pas préparés. Surveillés en permanence où qu’ils aillent et quoi qu’ils fassent, ces deux compagnons d’infortune, que rien pourtant ne prédestinait à se rencontrer, vont devoir tout à la fois échapper à leurs poursuivants qui sont légion (FBI, police, armée) et percer le secret de celle qui mène ce jeu infernal.

A.I.

Difficile ici de ne pas faire le parallèle avec le Hal du mythique 2001 L’Odyssée de L’Espace puisque dans le cas présent l’intelligence artificielle, répondant au doux nom d’Aria, a été conçue pour effectuer en temps réel la surveillance de tout le territoire américain, via toutes les données pouvant être récoltées par n’importe quels moyens électroniques (caméras de surveillance, téléphones fixe ou portables, mails, etc…) afin de prédire avec la plus grande exactitude les risques d’attentat dans le pays. Décontenancée par la récente décision prise, contre son avis, par le Pentagone qui a lancé des missiles sur de prétendus terroristes dans un pays du Moyen-Orient, déclenchant ainsi en représailles une vague d’attentats suicides meurtriers sur les ambassades américaines, Aria décide de sa propre initiative de changer la chaîne de commandement, y compris le Président. S’appuyant sur les termes de la Constitution et du Patriot Act, elle active alors des “agents” qu’elle repère et sélectionne grâce à ses puissants outils d’analyse pour arriver à ses fins. Aria n’est aucunement mal intentionnée vis-à-vis des humains puisqu’elle ne fait, en réalité, qu’appliquer stricto sensu ce pour quoi elle a été initialement programmée sans être capable de faire dans la nuance et donc pouvoir apprécier le réel degré de dangerosité d’un événement. C’est juste l’illustration de l’incompatibilité existant entre l’esprit humain et la logique informatique.

Haute tension

L’Oeil du Mal est un thriller d’anticipation très parano dont l’action se déroule en 48 h chrono. Dans cette gigantesque course contre la montre à travers les USA où la manipulation et la haute technologie prédominent, Jerry et Rachel doivent accomplir, en temps et en heure, exactement tout ce qu’une voix omnisciente et omniprésente leur ordonne de faire, quels que soient les risques encourus pour eux ainsi que pour toutes les personnes qui se trouvent à proximité. Une fois devenus des fugitifs, les deux “élus” sont brinqueballés dans tous les sens pendant qu’ils se demandent comment la voix qui les manipule, arrive à toujours avoir le contrôle sur tous les appareils électroniques du pays (téléphones, train, rames de métro, grue, panneaux d’affichage, écrans de TV, caméras de surveillance, GPS, feux de signalisation, etc…).

P
assée la séquence d’ouverture (qui se déroule au Centre de Commandement Militaire du Pentagone où le Secrétaire de la Défense surveille par drone interposé ce qui se déroule en temps réel dans un petit village se situant à la frontière irano-pakistanaise et où les militaires présents dans la pièce pensent surveiller les activités d’un dangereux groupe de terroristes) et la présentation de ceux qui ignorent encore qu’ils vont devenir des fugitifs, l’action est quasi non stop, enchaînant alors à un train d’enfer moult courses-poursuites échevelées agrémentées de cascades, toutes plus impressionnantes les unes que les autres parce qu’elles défient constamment les lois de la physique. Jerry, Rachel et toutes les autres personnes obligées de les aider tout au long de leur fuite éperdue ne sont plus de vulgaires marionnettes manipulées comme bon lui semble par la mystérieuse voix pour mener à bien sa terrible machination.

Bien que cela démarre sur les chapeaux de roue, il faudra toutefois attendre quasiment la moitié du film avant de comprendre de quoi il retourne exactement. Si certains éléments de l’intrigue sont tout à fait plausibles (tout l’aspect lié à l’intrusion de Big Brother dans notre vie quotidienne), d’autres par contre sont bien trop invraisemblables pour y croire (la réaction d’un individu en état de stress et qui risque sa vie à tout instant ne peut pas être systématiquement prévisible à 100 %). Si L’Oeil du Mal comporte tous les ingrédients du pur action movie, son scénario en profite aussi pour faire une critique acerbe, à peine dissimulée, de la politique menée par le gouvernement américain au cours de ces dernières années.

L’Oeil du Mal

Réalisation : D.J.Caruso

Avec : Shia LaBeouf, Michelle Monaghan, Rosario Dawson, Michael Chiklis, Anthony Mackie, Ethan Embry, Billy Bob Thornton

Sortie le 24 décembre

Durée : 1 h 54