Kereban

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Kereban, à l’origine, est une ville qui ne paye pas de mine… Mais le jour où l’on découvre un nouveau gisement d’akos, la vie va se transformer dans cette petite ville côtière. Les bouleversements de cette découverte vont, petit à petit, modifier l’économie et le fragile équilibre politique international. Pour maintenir sa suprématie, l’Empire est prêt à tout, même à déclencher une guerre…

 

Parfois, il y a des moments dans la vie où on se dit « Ça y est ! je suis vieux ». Né dans la génération jeux vidéo, certaines techniques me sont inaccessibles. Jeux trop rapides. Associations de touches, de boutons, de joystick qui nécessitent des bras de poulpe. Amateur de cinéma, certains montages hystériques, certaines musiques rythmées et envahissantes, certains jeu d’acteurs à base de hurlements et de blagues vaseuses, me laissent de glace. Cela ne m’était pas encore arrivé à la lecture d’un « roman ». Cette fois ça y est : je suis vieux.

 

Avec Kereban, Dario Alcide décide de jouer avec la forme, plutôt qu’avec le fond. L’histoire est plutôt classique, entre jeunes rebelles et Empire tout puissant, entre manipulations et quête initiatique. Pour « bouleverser » tous ces incontournables, le roman prend la forme d’un assemblage d’articles de journaux, de lettres, d’e-mails, de photographies, de... de… Un capharnaüm au cœur duquel le lecteur doit se retrouver pour (re)construire la narration.

 

J’avoue, face à cette forme, mon incompétence totale. En l’état, le « roman » ressemble davantage à un livret de jeu vidéo, à un carnet d’ambiance destiné à un jeux de rôles, aux résultats brut d’un « world building ». Une histoire se cache au cœur de ce fouillis. J’en suis convaincu. Sans doute que des lecteurs plus jeunes, des spécialistes de la consultation éclatée (sur les réseaux sociaux, sur le net, sur leurs boîtes mail…) se trouveront en terrain de connaissance face à ce genre de narration.

 

J’aurais peur de passer pour un conservateur, voire pour un rétrograde, en relevant qu’il appartient, à mon sens, à un auteur de distiller son œuvre pour la rendre accessible selon des codes reconnus. On imaginerait mal un réalisateur livrer cinquante heures de rush sur un blu-ray, dans l’attente que le spectateur se « fasse son film ». A moins d’y ajouter une interface différente, un outil de montage, un mode d’emploi. Ce Kereban pourrait être un livre augmenté, une expérience « autre ». Dans l’état, coincé dans sa forme de papier, il m’a laissé totalement démuni et perdu. Sans doute, pour citer un certain Roger Murtaugh, suis-je « trop vieux pour ces conneries ».

 

Kereban de Dario Alcide, Editions 404

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