Kaboul et autres souvenirs de la Troisième Guerre mondiale

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Sous le titre Images de la Troisième Guerre mondiale, trois des six nouvelles qui composent ce roman étaient déjà parues chez Mille et une nuits. Elles reparaissent complétées de trois autres et des illustrations de Miles Hymans – fort belles images qui, il est vrai, ne surpassent pas les images mentales qu’appelle le texte. Texte qui répond d’ailleurs au titre initial : il donne quelques images de l’effondrement d’un mode, effondrement tellement avancé qu’on a peine à croire l’introduction qui annonce un monde reconstruit dans lequel on retrouve les récits du narrateur. Narrateur d’ailleurs assez passif, préoccupé seulement de séduire les femmes qu’il rencontre, incarnation vivante du manspreading dénoncé par les plus différentialistes (identitaires et séparatistes) des féministes.

Est-il besoin de dire à quel point je le trouve odieux et différent de toutes les incarnations du Guerrier éternel présentées dans les œuvres antérieures de Moorcock ? Et les nombreux aphorismes et caricatures des lieux visités et des gens rencontrés ne me convainquent pas du tout. Je ne suis même pas sûr qu’il exprime les idées sur le monde de l’auteur, son interprétation de la course à l’abime aujourd’hui en voie d’accélération. Cette Troisième Guerre mondiale où les alliances se font et se défont sans cesse entre des groupes politiques ou ethniques de plus en plus restreints et où, seule la technologie des armes semble progresser avec la destruction de plus en plus totale de toute civilisation, peut paraître une caricature. Mais la réalité semble, depuis quelques années, avancer au-delà de cette caricature. D’ici un an ou deux, ce livre, et la beauté de ses illustrations, ne nous offrira plus que des motifs de nostalgie. D’une certaine façon, il n’est que vraisemblable, et la réalité ne l’est plus...

 

Achetez-le non pour le confronter au réel, mais pour avoir le souvenir d’un possible que le réel risque de dépasser en horreur... Le mot qui définira le mieux le sentiment qu’il me laisse est ce terme portugais presque intraduisible saudade...

 

Kaboul, par Michael Moorcock, traduction de Jean-Luc Fromental, Denoel graphique, 2018, 223 p., illustré par Miles Hyman, 23€, ISBN 978-2-207-13924-0

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