Histoires de… Folie

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Histoires de... est une série d’anthologies dirigées par Marc Bailly pour les éditions Lune Ecarlate. Ce premier volume est consacré à la folie sous toutes ses formes. D’emblée, je peux dire que le choix des textes qui composent ce recueil est excellent car ils se complètent tous pour nous livrer les différentes facettes de la folie.

Nous commençons avec Sophie Dabat qui nous livre une superbe histoire : Le choix de l’hippocampe. Nous suivons Rowan un petit garçon dont la famille vient d’être littéralement massacrée. Il n’a échappé que par miracle aux assassins en se cachant dans la demeure familiale. Seul au milieu des cadavres de ses proches, il personnalisera une tache d’humidité en forme d’hippocampe sur un mur de la maison pour en faire son ami imaginaire. Une plume magnifique, faisant ressortir les émotions, accentuant le côté obscur, et qui nous offre un final inattendu.

Johanna Almos prend la relève avec Peur filiale. Cette nouvelle met en scène une femme de 36 ans qui est revenue auprès de sa mère malade pour en prendre soin. Plus par culpabilité que par choix affectif. Tout au long du texte, nous allons en apprendre plus sur la véritable nature de la vieille dame. Encore une fois, la plume frappe juste où il faut et même si la fin est légèrement prévisible, elle n’en est pas moins rondement menée. Un très bon texte, classique dans sa trame, qui vous fera passer un agréable moment.

Manta 131 de Kwamé Maherpa nous présente le détestable personnage d’Idrissa Kounaté. On le comprend dès le départ, l’individu est une crapule de la pire espèce. En prenant le train dont est tiré le titre de la nouvelle, il va faire un bond de 15 ans dans le passé, lorsqu’il n’était encore qu’un loubard de la pire espèce, et trouver la mort. Le fantastique apparaît donc très tôt pour laisser la place à un autre personnage, Charlemagne Legba, officier de police judiciaire à la brigade criminelle en charge de résoudre ce meurtre mystérieux. Ici également, l’auteur nous emmène dans de sombres recoins et déploie tout son art pour nos tenir en haleine.

Patrick S. Vast, auteur que j’apprécie fortement, nous conte le périple de Jean Leclerc qui décide de donner suite à l’invitation d’un vieil ami à venir passer quelques jours dans sa nouvelle demeure fraichement acquise. D’entrée de jeu, on est dans l’ambiance avec la maison isolée, les réticences du chauffeur de taxi et la passion inquiétante de l’ami en question qui donne fort à propos son titre au récit: L’empailleur. Toute la nouvelle repose sur l’ambiance qu’arrive à créer Patrick S. Vast, qui malgré la prévisibilité de la chute, nous fait étalage de son talent.

Jacques Mercier se fend pour sa part d’un excellent texte simplement baptisé Laure, en référence au prénom de l’héroïne de l’histoire. Cette fille de 35 ans, éperdument amoureuse de Thomas, son compagnon, passe d’identités oniriques à la vie réelle, en alternance. Le texte mêle habilement inquiétude, effroi et sombre poésie. Une plume sensible et délicate au service d’une belle histoire.

Nous voici face à un étrange jeu : la marelle Hopscotch d’Arnauld Pontier, dont il nous fait une brève présentation en préambule de son histoire afin que nous puissions bien en cerner les tenants et aboutissants. Nous ferons la connaissance de jumeaux en apparence absolument identiques. En apparence, seulement. Difficile de parler de cette nouvelle sans en dévoiler de trop. Je ne peux que vous conseiller de vous pencher dessus. Il s’agit d’un texte intelligent, découpé selon le principe de la marelle, poignant, que l’auteur maîtrise à la perfection du premier au dernier mot.

Bruno Pochesci ne nous fait pas effleurer la folie, il nous y plonge tête première avec une bonne dose d’humour et de macabre. Une vague de crimes monstrueux, un dentiste désirant renouer avec son passé d’écrivain à succès, une haine viscérale et incontrôlée des portables, voici les ingrédients d’une histoire extrêmement originale. Je ne me lasse pas de le dire mais Bruno Pochesci possède l’une des plumes les plus envoûtantes que j’ai pu voir ces dernières années ! Vous n’êtes pas près d’oublier ce savoureux Comme un passage à niveau.

L’anthologie se conclut sur le non moins excellent Jean-Baptiste Leblanc. Comme il le dit lui-même en présentation, l’auteur adore explorer les tréfonds de l’âme humaine pour nous la restituer d’une façon cauchemardesque. Cela prend tout son sens à la lecture de Passage à l’acte. Thibault Wagnon est un jeune homme répugnant et inquiétant. Il n’a aucun ami et personne ne désire le devenir tant son physique et son caractère révulsent tout le monde. Ses pensées sont nourries de sombres fantasmes mêlant délices charnels et cadavres putrescents. Un jour, il aura l’occasion de déchaîner les démons qui l’habitent. Une histoire emplie de sadisme, malsaine à souhait. Une bonne manière de conclure ce recueil.

Vous l’aurez compris, cette anthologie est à posséder absolument pour ceux qui aiment les textes sombres et variés habités par la folie.

 

Histoires de… Folie, anthologie dirigée par Marc Bailly, illustrée par Nathy, Lune Écarlate

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