Héloïse

Auteur / Scénariste: 

"Toutes les femmes ont une histoire. La mienne est plutôt moche".  À la veille de ses trente ans, au cours d’une nuit entourée des fantômes de son passé, Héloïse va se raconter. Portée par les souvenirs et les remords, elle ouvre la boîte de Pandore. Noir, intime et dérangeant, un roman à la fois sombre et lumineux dans lequel les émotions sont à fleur de mots.

 

Quand on lit l’accroche d’Héloïse, on ne s’attend évidemment pas à du feel-good ; on devine tout de suite qu’on est dans le noir. Le roman noir, même si j’en lis de temps à autre, n’est pas l’un de mes genres de prédilection, justement parce que souvent il est beaucoup trop noir. Bien que je lise essentiellement du polar et du thriller (plutôt psychologique), mon tempérament fleur bleue amateur de happy ends et éternellement optimiste n’aime pas bien être plombé par des histoires trop sombres.

L’existence d’Héloïse n’est constituée que de pertes et d’abandons. Une nuit, entre deux verres, elle se raconte. Et sa vie est plutôt moche en effet.

 

Extrait : « Rien n’était pire que les promesses non tenues et les espoirs vains. »

 

Alors, oui, c’est noir, très noir, certainement trop pour moi. OUI MAIS, son héroïne représente à elle seule une multitude de femmes confrontées au malheur. Que ce soit le bébé abandonné, l’enfant mal-aimée, l’ado blessée et meurtrie dans sa chair ou bien la femme déçue ou battue, nombre d’entre elles pourront se reconnaître en Héloïse, tout au moins en partie.

Le fait que celle-ci cumule l’ensemble peut sembler outrancier, OUI MAIS, malgré tout, elle porte une certaine lumière en elle, celle de la survivante, de la battante. Jusqu’à un certain point bien sûr. Parce que, malgré tout, on est touché par le récit de ses malheurs, même si, par moments, on ne comprend pas ses choix ni certains de ses actes, jusqu’à avoir envie de la houspiller, voire de la secouer. Si la fatalité et le destin – appelez ça comme vous voulez – se sont apparemment ligués contre elle, Héloïse est aussi génératrice de son propre malheur. La peur, le mal-être et la douleur l’imprègnent tout entière et la culpabilité, la terrible culpabilité qu’elle porte en elle depuis sa naissance, celle qui vous fait douter de tout, de tout le monde et surtout de vous-même, ne cesse de la ronger. Et c’est d’ailleurs elle qui finira par la briser.

La plume, quant à elle, est peut-être un chouia trop lapidaire parfois pour moi, OUI MAIS, elle est riche, nette, précise, et le poids des mots, assenés souvent brutalement, a le mérite de renforcer le propos et de créer un certain malaise. Incontestablement personnelle, elle porte en elle une vraie signature stylistique.

Héloïse, d’Ophélie Cohen − retenez bien ce nom – est un premier roman qui comporte d’indéniables qualités d’écriture et qui nous livre un récit vibrant, quasi hypnotique, d’une puissance impressionnante.

Parue sur Beltane (lit en) secret

 

Héloïse, Ophélie Cohen, collection Phénix Noir chez IFS Editions, 15,95 €

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