Galaxies n° 65

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Je ne vais pas me voiler la face : dans une chronique sur les nouvelles qui étaient la spécialité de notre regretté Bruno, je ne pourrai jamais égaler ses connaissances dans le domaine.

Ce numéro propose deux articles : Comic’s : Superman Byrne Again par Franck (Zaïtchick) Jammes et Sans oublier le point de vue de Dieu (anamorphose et science-fiction) par Pierre Stolze. Ce dernier n’est disponible que sur la version numérique (tout comme les Augmentations de Line le Goff et La Pharce de Maître Apfelstrudel de Jacques Périer-Defrenne).

Le corps du magazine est un dossier sur L’imaginaire dans la chanson française (des origines à 1980) signé par Jean-Pierre Fontana qui dit ainsi un « au revoir » à la revue après 8 ans de collaboration. Pour bien profiter du dossier, mieux vaut avoir soit une connaissance importante de la chanson de ces époques, soit avoir été jeune après-guerre. N’étant ni l’un ni l’autre, j’ai lu l’ensemble du dossier mais sans avoir les notes dans la tête avant d’arriver quasi à la fin. Dommage, j’ai eu l’impression de passer à côté du bonus plaisir.

Portail Salles : 20 ans après est la nouvelle gagnant du Concours Alain le Bussy 2019). Ecrite par Alban Cambe, sa structure est perturbante : c’est « la transcription d’un extrait du documentaire télévisé », où on passe d’un témoignage à un autre.

Augmentations de Line Le Goff (numérique) parle de bio-augmentation et de vengeance dans un monde futur mais pas si loin. La nouvelle finit d’une telle manière qu’on pourrait imaginer un roman qui la continue.

L’Anthir de Jean-Luc Marcastel « prend place dans l’univers de Thair, une trilogie de science-fiction publiée aux éditions Leha ». Une histoire de fin du monde, d’amour mal accepté entre deux femmes. En fait une histoire très contemporaine, car tout pourrait se passer aujourd’hui. Joli texte émouvant.

Illuminata d’Alain Grousset nous parle avec beaucoup de poésie d’une fleur qui s’épanouit tous les 132 ans et devant laquelle, les hommes du pays défilent pour l’honneur d’être désigné comme l’élu qui va fusionner avec elle. C’est une nouvelle optimiste et pleine de bienveillance.

Galanterie, une traduction d’une nouvelle courte de Giulia Pretta, nous raconte indirectement… non, c’est court et surprenant, je ne vais pas dévoiler la fin. On commence avec la vie de la grand-mère de l’héroïne, une vieille dame qui fut « entraineuse », bref une fille de joie.

Avec Qui-Vive, Danielle Martinigol nous prouve qu’on peut être très connue pour ses œuvres Jeunesse mais écrire aussi bien pour les adultes : voilà une sorte de chasse entre les TuÉs ou T .E. et les TueuRs ou TR. Mais la proie provoque son prédateur, jusqu’à une pirouette inattendue.

Service après-vente de Victor Fleury m’a bien fait rire. C’est le pays de l’absurdie totale : bienvenue dans un service après-vente où à peine votre problème exposé, le robot-vendeur se désactive et tout est à recommencer.

Pépin de Laure Mauger a gagné un concours d’écriture. En quelques pages on découvre une ville sous un Dôme où une panne d’électricité va changer le monde.

Partir pour Edena de Christian Grenier. Pol Paret est « génétiquement non conforme » parce que sa mère a refusé que l’on le « corrige » pendant sa grossesse. Bref c’est un enfant ordinaire dans une société de surdoués. Son Helena, une G.C . (génétiquement correcte) a disparu : elle a trouvé le chemin d’Edena, un « paradis » où la génétique ne détermine pas ta place dans le monde. Rester, dénoncer ou suivre sont les choix de Pol.

Service des Affaires classées ; Ablation et Multigénération cellulaire : étude sur un cas de Michael Blumlein (traduit par Bernard Sigaud). Ah je ne suis pas près de l’oublier mais je l’étiquèterais « pour public averti ». Les descriptions d’opération dans les détails anatomiques ne sont pas à mettre sous tous les yeux, l’imagination jouant son petit rôle pour rendre le tout très… sanglant. Par contre, le fait de ne pas avoir une connaissance médicale du corps humain permet de lire avec un peu de recul. Mais il y a un côté sadique que vous découvrirez en lisant. De quoi faire saliver le côté psychopathe de certains.

Les Aventures de Dieu, Adam et Ève par Jean-Pierre Andrevon. Là je me suis éclatée : le style très irrévérencieux, direct, coquin et totalement anachronique donne une vraie dynamique à l’histoire revisitée de la Genèse.

La Pharce de Maître Apfelstrudel de Jacques Périer-Defrenne (numérique) est construit selon les règles du théâtre : des dialogues, des intermèdes et de la didascalie (les commentaires pour l’ambiance et la mise en scène). Mais on est plus dans du Maeterlinck avec un côté surréaliste que dans du Sophocle. De plus, on est dans l’espace. Je raccrocherais plus ce texte à l’esprit d’un Douglas Adams et son Guide du voyageur galactique. Mais moi, j’ADORE ce décalage.

Oui, oui, promis, c’est tout mais j’ai beaucoup apprécié cette lecture. Aussi tant pis pour vous, mais je vais lire et commenter le suivant !

Mention aussi pour la couverture de Sandrine Gestin dont j'apprécie beaucoup l'univers.

 

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