Galaxies Nouvelle Série n°22

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Tuer le temps ! Beau thème, évidemment, mais qui promet plus qu’il ne tient. Pourtant il démarre en fanfare avec une très belle nouvelle de Michel Jeury, le revenant de la SF, après un long détour via la littérature de terroir.

Ce côté “paysan” se retrouve, au demeurant, dans Colomb dans la nuit, qui décrit bien l’atmosphère d’une petite ville provinciale. Fille de libraire et passionnée de SF, Alice est engagée comme secrétaire par une écrivaine du coin, un peu bizarre, entourée de gens curieux. Qui sont ces “brillants” ? La voilà embarquée dans une aventure extraordinaire, celle de réfugiés du futur. Qui sont ces “Bleus” qui les poursuivent ? Vont-ils modifier le futur pour changer la trame historique : éliminer Colomb ou Luther ? Le paradoxe temporel guette. Un joli sujet, classique, mais bien traité.

Dans Autour de la cyclotation, les frères Strougatski, pionniers de la SF soviétique, relatent l’arrivée inopinée d’un voyageur du futur qui aurait créé l’”homo sapiens”.

L’écrivain argentin Sergio Gaut vel Hartman fait dialoguer Einstein et une jeune fille dans son bref texte Glissement de temps pour le Professeur pour déboucher dans un possible univers parallèle.

Après ces nouvelles fort sérieuses, il était temps de se détendre : voilà ce que réalise Pierre Bameul dans son Conte du guerrier chétif, rare exemple d’humour western. Une squaw raconte l’histoire depuis 1940 en termes indiens. On y rencontrera donc Franklin-Champ-de-Roses (Roosevelt), le Très-Grand-Chef Petite-Moustache (Hitler), ou Harry Vrai-Homme (Truman). Tout se corsera au moment où le héros indien rencontrera John Tête-Laide (Kennedy) et ce qu’il se passera à Dallas le 22 novembre 1963. Très amusant.

Le dossier lui-même est intéressant mais un peu rapide. Le Temps vu par la SF est analysé par Hugues Chabot et Jean-Loup Héraud, François Manson dissèque gentiment l’uchronie et Pierre Gévart interviewe Connie Willis : “Il est impossible de prédire l’avenir et ce n’est pas ce qu’essayent de faire les écrivains de science-fiction. Ils tentent d’extrapoler des futurs plausibles qu’ils voient se dessiner, ce qui fonctionne bien dans certains cas et pas dans d’autres”.

Gérard Klein consacre un bel article à l’illustrateur Gourmelin (Pour tuer le temps, 1972).

Les chères vieilleries sont présentes, bien sûr, avec une analyse des Conjurés de l’île secrete, roman de Jean Kéry de 1939, et un petit hommage de Denis Labbé à Conan Doyle, son ineffable professeur Challenger et ses très nombreux récits de mondes perdus. Enfin, un reportage sur l’exposition “Art, Science et Fiction” qui s’est tenue fin 2012 début 2013 au Grand Hornu, près de Mons.

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