Galaxies Nouvelle Série n° 50

A l’instar de Phénix en 1999, Galaxies célèbre ses 50 numéros. La revue a demandé à 50 écrivains et collaborateurs de rédiger un texte, ou de dessiner une illustration ou une petite BD. Bien sûr, ces articles interpelleront le lecteur d’après sa sensibilité. J’en ai pointé quelques-uns.

 

Patrick Boutin et son minuscule vénusien arrivé dans une salade (Dur de la feuille), Philippe Caza sur la vie après la mort, Lucie Chenu et son robot qui passe de la compassion à la haine (L’expo), Tom Haas et un superbe sonnet, à méditer, sur les réfugiés, l’amusante BD sur la SF vue par Michèle Laframboise, une autre poésie en forme de Pantoun (comme dans le trio de Ravel) de Yann Quero, la revigorante rencontre entre Satan et Saint-Bacar, de Timothée Rey, la jolie fable de Pierre Stolze La petite fille et le conteur et enfin les deux phrases de Bénédicte Taffin, que je ne résiste pas au plaisir de citer : « Il n’avait jamais eu de chance dans la vie. Il mourut la veille de devenir immortel ». La commémoration se poursuit par l’évocation directe des 50 numéros précédents, avec photo de la couverture et résumé du contenu.

 

Mais, comme l’écrit Pierre Gévart, ce numéro est aussi un numéro « normal », qui comporte sept nouvelles. La première, de Philippe Curval, commence bien : « Chahid Slimane mourut pour la première fois à l’âge de huit ans ». Le pauvre héros va remonter le temps pour comprendre ses résurrections. Passionnant. Après ce départ en fanfare, la seconde nouvelle, Les pierres, de Jean-Pascal Martin, est tout aussi brillante. Le monde décrit fait penser à La mort de la Terre de Rosny Aîné : dans un futur détruit, les hommes ramassent des pierres et cultivent un peu de blé. Mais la roche monte tout le temps et empêche les plantes d’enfoncer leurs racines dans le sol. Et les pierres avancent toujours... Superbe texte, très bien écrit.

Après des nouvelles de Reznick-Robyn, Laigle et Marchetto, suivent deux plus intéressantes, Le mangeur de souvenirs, de Patricia Anthony : sur une planète lointaine et désolée, un ambassadeur rencontre un sorcier qui, littéralement, mange les souvenirs qu’il a de sa femme décédée. Ugo Bellagamba est un des grands auteurs français actuels. Il le prouve une fois de plus avec L’autre dans le labyrinthe, où il revisite le mythe du Minotaure dans le labyrinthe de Cnossos.

 

Le chapitre habituel dédié à la musique est cette fois consacré à Kraftwerk, et l’auteur du Fleuve noir honoré est Maurice Limat.

 

Enfin, je m’en voudrais de ne pas citer l’édition de la conférence donnée le 26 janvier 2016 à Waterloo par Pierre Gévart et Jean-Michel Calvez, intitulée : 2050 - Les scénarios. Ou comment affronter demain ? En huit petites pages, les auteurs livrent, dans un texte de politique-fiction, un brillant exercice de prospective. Ils examinent les avenirs, pour autant que les choses ne se déroulent pas comme prévu. Trois pistes sont analysées : les lendemains qui chantent, ou l’utopie, la spirale infernale, ou la dystopie, ou, en troisième voie, un monde de réaction aux défis posés par notre présent. Remarquable.

 

Bon anniversaire, Galaxies !

 

www.galaxies-sf.com

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