Galaxies Nouvelle Série n° 43

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La science-fiction arabe ? Voilà un sujet qui interpelle ! Déjà à Bellaing – et cela, Pierre Gevart nous le rappelle dans son éditorial –, la 36e Convention nationale française de science-fiction avait invité l’essayiste Kawthar Ayed, de l’Université de Tunis, à nous parler de ce sujet. Elle livre ici un petit Panorama de la science-fiction arabe (et tunisienne en particulier). C’est un texte intéressant car il retrace l’histoire de la SF dans le monde arabe, des Mille et une Nuits à nos jours. D’importants romans paraissent en Égypte dès les années 1920, mais le succès ne viendra qu’à partir de 1970. Dès ce moment, le genre s’étendra à d’autres contrées, l’Algérie ou la Tunisie. L’auteur cite alors plusieurs ouvrages de SF tunisienne, résumés à l’appui. Elle souligne deux constantes thématiques : l’attrait de l’anticipation militaire et la hantise de l’hégémonie occidentale, celle des USA surtout, qui souligne la différence entre les conditions de vie. Pas un mot, hélas, sur un sujet que j’attendais : les rapports entre la SF et l’Islam. Il est curieux que cette relation ne soit pas abordée, en une époque où les réflexions abondent sur la religion musulmane. Il eut été intéressant de savoir, par exemple, si l’uchronie était permise en terre d’Islam (Si Hannibal revenait, de Hedi Thebet - 2005 - semble le prouver), ou le voyage dans le temps, thèmes qui étaient interdits en Union soviétique. La religion étant un motif assez récurrent en SF, il doit y exister une réflexion conjecturale sur la spiritualité dans des pays où une religion est d’État, cela semble évident. Mais non, on n’en dit rien et c’est dommage.

 

Trois nouvelles sont retenues, de Fayçel Lahmeur, de Taib Triki et de Salah Maaty, dont je retiendrais la deuxième, Le Sindibad de l’espace, amusante histoire de la découverte d’extraterrestres attirés par... les parfums humains. Les nouvelles hors dossier sont au nombre de cinq. Un sacré rhume de cerveau, de Philippe Curval, démarre très bien (un enfant coule constamment du nez) pour finir... en eau de boudin. Les textes de Sid Castro et de Timothée Rey regorgent de tant de noms propres pour le premier, et de tant de néologismes pour le deuxième, qu’ils en deviennent illisibles. La rubrique habituelle sur « la musique et la SF » est consacrée au musicien néerlandais Arjen Anthony Lucassen, auteur de trois albums directement influencés par la SF.

Autre série récurrente : la redécouverte des auteurs du Fleuve noir, cette fois Jean Gaston Vandel (qui, comme chacun sait, est le pseudo de deux écrivains belges, Libert et Vandenpanhuyse).

Enfin, l’excellente rubrique BD d’Alain Dartevelle accueille un invité de marque, Jean-Louis Etienne, spécialiste du fantastique belge. Il nous parle de l’album Providence, tome I : La peur qui rôde de Jacen Burrows et Alan Moore, inspiré par l’œuvre de qui vous savez.

Belle couverture de l’illustrateur marocain Abdelmalik Nounouhi, et quatrième de couverture annonçant la tenue d’Eurocon 2018 à Amiens (on peut s’inscrire !).

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