Tu ne marcheras jamais seul

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La force d’un thriller réside souvent tout autant dans l’ingéniosité de son intrigue que dans la découverte du milieu où toute l’histoire prend corps. Ainsi, l’indétrônable Da Vinci Code s’inscrit dans la tradition archi-classique de la chasse au trésor... mais parvient à capter son auditoire en « révélant » les arcanes de quelque "Grand Secret" jalousement gardé par l’Église.

Par ailleurs, auteur de thriller d’inspiration maçonnique avec Jacques Ravenne, Eric Giacometti s’associe donc aujourd’hui avec Karim Nedjari, journaliste sportif, pour tremper sa plume d’auteur dans la boue et la sueur du monde des stades. Au demeurant, l’idée semblait intéressante, puisque le milieu du football n’a, à ma connaissance, pas souvent été le théâtre d’aventures romanesques. A peine puis-je citer le personnage de joueur déchu dans le Rencontre Sous X de Didier Van Cauwelaert. Ceci dit, ce n’est pas ce faux pas d’Eric Giacometti qui risque de redorer le blason du ballon rond dans l’esprit des amateurs de littérature populaire. Les deux auteurs ont beau, tous les trois chapitres, essayer de nous convaincre que le foot est sport noble, aux limites de l’expérience mystique et trop souvent réduit à l’image pénible de 22 crétins galopant après un bout de cuir... la mayonnaise ne prend pas. Il faut quasi attendre la moitié du roman pour la machine prenne ses marques... avant de se précipiter dans le piège de la fiction scientifique à deux balles et les clichés pour série B paresseuse.

Certes, on ne pourra pas nier que Giacometti a fait ses devoirs, dûment coaché par Karim Nedjari que l’on imagine peu avare d’anecdotes croustillantes... Mais ce patchwork est sous tendu par un fil narratif tellement fin, que jamais, au grand jamais, un lecteur lambda ne se laissera prendre dans les filets de ce match de seconde division.

Trop caricatural pour les footeux, trop léger pour les amateurs de thriller, ce « Tu ne marcheras jamais seul » tombe le cul entre deux chaises et joue le hors jeu plutôt que la victoire en chantant. Carton rouge ?

Tu ne marcheras plus jamais seul de Eric Giacometti et Karim Nedjari, Michel Lafont

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