Exodes

Dans Exodes, le romancier Jean-Marc Ligny décrit un futur peu engageant où les humains renouent avec leurs pulsions les moins policées et la planète se meurt. La civilisation avec ses garde-fous n’est plus qu’un souvenir que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître etc. et personne n’a pris la relève pour chanter la foi en un monde meilleur : c’est le chaos sous toutes ses formes, alors sauve qui peut ! Une poignée de gens tente bien de résister à la barbarie et au défaitisme généralisé, de cultiver encore altruisme, espoir et potager, mais elle représente une peau de chagrin et une proie pour la majorité. Pour échapper à la voracité de larges communautés devenues cannibales ou sanguinaires et à la concupiscence d’une majorité de pauvres, un groupe de petits malins se planque sous un dôme aux frontières bien gardées et distribue les droits d’entrée au compte-goutte, en fonction de ses intérêts seulement, cela va de soi. Mais l’abri est menacé de toutes parts, ses remparts deviennent poreux : corruption et trafic de drogue ont eu raison de son étanchéité jusque là protectrice pour les nantis qui se prélassent à l’intérieur dans leurs villas avec piscine.

Dans un rythme haletant, chaque étape du roman concourt à l’effacement de ces frontières entre le monde des riches et celui de la jungle, chaque événement y prépare et le lecteur s’attend à ce que ça craque. Il refermera le livre sonné par l’horreur des impasses où se mènent, se démènent, des personnages par ailleurs pas si éloignés que ça de ses semblables. Car le sujet traité via la fiction par l’auteur est d’une actualité planétaire violente et sans concession: une certaine forme d’exode sur Terre dont il est lui-même témoin a déjà commencé.

Exodes, par Jean-Marc Ligny, Folio SF, 3 octobre 2016, 9,70 euros