Eté des charognes (L’)

Auteur / Scénariste: 

J’ai l’impression qu’on entendra encore parler de Simon Johannin. Il a écrit un livre incroyable et c’est un premier roman. Et il n’a que 26 ans.

 

Il nous plonge avec tendresse dans la noirceur, la violence d’une vie de paysans éleveurs qui prennent tout en charge : de la naissance à l’abattage et au dépeçage des bêtes avant la vente.

Cela se passe à La Fourrière, c’est-à-dire nulle part, au bout du monde

 

Il y a trois maisons, la mienne, celle de Jonas et sa famille et celle de la grosse conne qui a tué mon chat

 

L’animal est au centre. L’animal, on l’aime, même si on le tue.

On rencontre le narrateur, un enfant, et tout de suite on s’y attache. On le suit et on n’a plus envie de les lâcher, lui et son copain. Dans cette vie dure, combative d’agriculteurs/éleveurs, il nous fait palper, sentir, goûter la vie faite de boue, d’asticots et de crottes de poules. De bêtes à traire, de bêtes à tuer, à dépecer, de bouse à nettoyer et de carcasses à enterrer. De bagarres et de parents ivres.

 

Une vie dure pour nous, lecteurs, pour ceux qui ne la connaissent pas, mais le narrateur, lui, y trouve son compte. Il ne connaît que ça. Tout devient source de plaisir, d’amusements. La beauté est là où il veut la voir et les vacances avec son ami Jonas sont de vraies belles vacances.

 

Il grandit. Il va à l’école et découvre un autre monde. Autre, mais tout aussi violent. Un monde injuste et raciste. Un monde qui sépare ceux qui portent des vêtements de marque des autres. Il connaît l’isolement, doit se battre pour s’imposer.

Nous continuons à le suivre avec un peu plus d’inquiétude. Pourra-t-il continuer à voir la beauté là où il a envie de la voir ?

 

Une écriture riche, sensuelle qui parvient à nous faire goûter ce monde, ressentir les mauvaises odeurs jusqu’à la nausée.

 

Un langage d’enfant imagé et juste qui nous emmène là où on n’a pas toujours envie d’aller.

 

Beau roman à lire.

 

L’été des charognes par Simon Johannin, éditions Allia.

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