Et moi, et moi, et moi

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Ah Dutronc !

Jacques Dutronc, chanteur iconique des années soixante, est un survivant. Après tout, il a réussi à vieillir dans un métier, chanteur, qui préfère les jeunes, et a survécu à la mort de Johnny Hallyday dont il était l’ami. Il a aussi accompli un sacré parcours d’acteurs, travaillant avec Claude Sautet (Mado), Zulawski (L’important c’est d’aimer), Chabrol (Merci pour le chocolat) et Pialat bien sûr sur Van Gogh : il y gagna même un césar. En semi-retraite en Corse, Dutronc a donc écrit ses mémoires, Et moi, et moi, et moi.

 

Des potes et des chansons

Fan de jazz, il découvre le rock en compagnie de Johnny Hallyday et Eddy Mitchell. Guitariste, Dutronc enregistre et écrit mais ne voulait pas être chanteur : c’est Jacques Wolfsohn qui l’a un peu poussé pour qu’il chante, justement, et moi, et moi, et moi dont il avait composé la musique avant que Lanzmann n’écrive les paroles. Succès. Et ensuite Les playboys, resuccès. Au fil des pages, on découvre (et en même temps, est-ce vraiment une découverte) que Jacques Dutronc ne prenait pas ça au sérieux. Et après tout comment pouvait-on à cette époque penser que ça allait durer ? Sa singularité est d’avoir imposé un personnage ironique, cynique : Dutronc, par exemple, n’était pas du genre à balancer des pavés en mai 68. Ça ne l’empêchera pas de séduire Françoise Hardy !

 

L’ami Gainbourg

Dutronc a eu des amis, il en parle mais un a droit à un traitement particulier : Serge Gainsbourg. Avec lui, on sent que Dutronc a trouvé un compère, un frère peut-être. Ensemble, ils discutent, boivent beaucoup, font la fête, chantent aussi. Gainsbourg écrira la majeure partie de Guerres et pets en 1980 mais sera trop saoul pour écrire le texte de Merde in France en 1984 : tant pis. On ne s’ennuie jamais à la lecture de ces courts mémoires qu’on vous recommande.

 

Jacques Dutronc, Et moi, et moi, et moi, ISBN 9782749178349, Le Cherche Midi, novembre 2023, 224 pages, 18,90 €

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