Et la mort perdra tout empire

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La collection Courts Lettrages des éditions House Made of Dawn propose chaque mois des novellas inédites de jeunes auteurs talentueux. J’ai lu Et la mort perdra tout empire, de Jean Bury, sorti en janvier dernier. Et j’ai aimé.

 

Dans un monde où, pour une raison ou pour une autre (ça n’est pas explicité, et c’est aussi bien, je trouve souvent longs et inutiles les mille détours que font certains pour établir des faits qui peuvent aussi bien être pris comme tels) les lycanthropes ont formé une véritable « nation » et s’opposent à l’homme, le lecteur est plongé en plein cœur d’une bataille, vers la fin d’une guerre qui a déjà vu la civilisation réduite à peau de chagrin.

La bataille, c’est bel et bien le personnage central de l’histoire, sorte de monstre avide déchirant tout ce qu’il trouve – paysages autant qu’hommes. Jean Bury alterne les points de vue, transporte son lecteur de sous la visière d’un personnage à celle d’un autre, pour y revenir parfois ensuite, bâtissant ainsi avec finesse une histoire au final touchante et inattendue.

On part d’une bataille, donc. L’auteur a décidé de nous décrire la guerre – pas de la dénoncer, pas de s’en délecter : simplement de nous plonger dans une bataille violente et cruelle, que cela nous plaise ou non. A nous d’essayer de nous en sortir.

Il dispose pour cela d’une arme redoutable, à savoir, son style. En effet, il tisse avec habileté une toile où on se retrouve comme pris au piège, tels les soldats assistant à la débâcle et incapables de trouver une issue. Rien de cauchemardesque pourtant : c’est un réel plaisir que de se laisser porter par les mots, toujours justes et simples. Les descriptions sont courtes et efficaces, l’univers bien rendu, la focale étouffante. Et là où on pouvait se laisser aller à croire que le ressort fantastique se limite à la présence des loups, il en distille une nouvelle touche, puis une autre, pour nous faire déboucher sur une inattendue clairière, creusée dans la broussaille des haines entre hommes et loups.

 

Il y a une véritable magie dans Et la mort perdra tout empire, qui se voit de plus augmentée de la traduction par l’auteur lui-même d’un poème (dont la novella tire son titre) : And Death Shall Have no Dominion, de Dylan Thomas. A lire, donc !

 

Et la mort perdra tout empire par Jean Bury, House Made of Dawn

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