Dent de dinosaure

Auteur / Scénariste: 
Traducteur: 

En postface de ce roman, Sherri Crichton, la veuve de l’auteur, explique que ce récit extrait des archives préfigure son « autre histoire de dinosaures ». Ecrit initialement en 1974, il raconte les mésaventures d’un jeune désœuvré, William Johnson, qui à la suite d’un pari, se retrouve à devoir accompagner un excentrique paléontologue du nom d’Othniel Marsh. Celui-ci est persuadé que c’est au fin-fonds de l’Ouest, dans des territoires quasiment vierges et en proie aux guerres sanglantes entre les Indiens et l’armée américaine, (c’est l’époque du massacre de Little Big Horn qui voit la défaite cuisante de Custer) que se trouvent les plus importants gisements de fossiles. Soupçonné par Marsh de collusion avec son pire ennemi, Jonhson se retrouve abandonné en cours de route avant de rejoindre l’expédition parallèle d’Edward Cope. C’est lui qui le premier découvrira ces fameuses dents de dinosaures qui donnent le titre au récit, celles d’un brontosaure plus exactement. Crichton mène le mythe et l’invention à la réalité, car Cope et Marsh ont bien existé, et on leur doit un incroyable nombre de découvertes de dinosaures, en dépit de leur haine respective, et bien sûr du poids de la religion, peu encline à tolérer ce genre de fouilles (rechercher des espèces disparues équivaudrait à admettre que Dieu a pu abandonner certaines de ses créations, ce qui est tout bonnement inconcevable pour l’obscurantisme religieux, même en 1875).

Le début du roman ne m’est pas forcément apparu comme du pur Crichton, sans doute parce que les parenthèses scientifiques et les observations qui peuplent habituellement ses récits tardent à venir. Ensuite, parce qu’à l’instar d’un de ses précédents livres, Pirates, nous ne sommes pas en présence d’un thriller scientifique, un « techno-thriller » comme il est coutume de dire, genre dans lequel l’auteur s’est illustré sa vie durant. Commencé comme un récit d’aventures, Dent de dinosaure se transforme dans son dernier tiers en une western pur jus, avec ses figures de style obligatoires : duels, prostituées, joueurs de poker, saloon, le tout dans la ville mythique de Deadwood. On y croise Wyatt Earp et son frère Morgan, en joueurs invétérés mais n’hésitant pas à venir en aide à William Johnson, contre la promesse d’une belle récompense. Tout le talent de conteur est là.

Même s’il se révèle extrêmement plaisant à lire, Dent de dinosaure demeure pour moi une œuvre assez mineure dans la bibliographie de Michael Crichton, un auteur que j’affectionne particulièrement. Le fait qu’il l’ait laissé si longtemps enterré dans ses archives, presque comme un fossile, pourrait faire penser qu’il voulait le retravailler ou qu’il l’estimait peut-être pas à la hauteur de ses autres ouvrages. Si le roman ne préjuge en rien du futur best-seller que sera Jurassic Parc, en revanche il témoigne déjà de sa passion pour la paléontologie. Un roman en tout cas que les fans de l’auteur, malheureusement décédé, compteront dans leur bibliothèque.

Je remercie les éditions de l’Archipel pour leur confiance.

 

Michael Crichton - Dent de dinosaure - Éditions l’Archipel, juin 2021, 21 €

Type: